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F. stupide ch. Rien.

27 Septembre 2009, 15:24pm

Publié par Ardalia

Voyez-vous lecteur, le problème, quand on est stupide, n'est pas tant d'être stupide mais d'en avoir conscience. Car sachant sa stupidité, on apprendra à se méfier des sirènes séduisantes, des raccourcis faciles, d'à peu près tous les discours. C'est fort fâcheux, car la pente humaine pousse à suivre un troupeau humain en s'asseyant parfois sur sa grande gueule, ce qui demande de la souplesse, à lutter pour s'intégrer et conserver sa place au soleil. Malheureusement, chers lecteurs, mon expérience du discours ne m'a pas portée au suivisme intellectuel.

Au lancement de celui-ci, je me suis abonnée au site des Sacristains, lancé à grand bruit (la Croix en a parlé) par une douzaine de blogueurs chrétiens catholiques. Dès le départ, j'ai zappé des billets, car cet abonnement faisait suivre nos seulement le site et les billets publiés dessus, mais aussi les billets publiés sur tous les blogs des participants, je suppose que l'on appelle cela l'indexation. 
Bon, c'est vrai que c'est aussi pesant de lire de la prose religieuse, les convictions des uns n'étant pas celles des autres et surtout pas les miennes, mais enfin, j'avais envie de lire des billets sur l'amour, l'engagement, la foi, etc. toutes choses que j'estime, dans ma stupidité, largement aptes à m'enrichir. 
Il y a quelques jours, un blogueur a publié un billet qui commençait par se demander pourquoi il n'y avait pas de femmes parmis les sacristains pour enchainer sur le démontage de clichés qui circulent sur les femmes catholiques. Le billet se veut humoristique, je l'ai bien compris, mais j'ai surtout réagi à ce qui me choquait : l'usage du vocabulaire philosophique (ontologie, être) pour ramener la femme à ses fonctions reproductrices et à ses casseroles (mais elle peut travailler si elle veut, cette veinarde). Bon, vous imaginez bien que, lectrice d'Elisabeth Badinter, entre autre, je n'allais pas avaler cette petite couleuvre sans rien dire... J'ai donc protesté, on m'a répondu fort benoîtement (ahah) avec le plus parfait jésuitisme, en étalant du discours scolastique devant faire force de loi. Tenter de faire force de loi en matière spirituelle, n'est-ce pas un peut audacieux ?
Qu'allais-tu faire dans cette galère, me demanderez-vous, avec raison ? Pure hystérie de vieille fille frustrée, sans doute, mais aussi peut-être de vieux combats contre l'oppression paternelle, nobody's perfect. D'ailleurs, j'ai remballé assez rapidement mes idées et suis allée me faire voir ailleurs sans plus y penser, tant pis pour moi, après tout.
Mais voilà que le site publie une annonce de clôture des débats dans les commentaires qui me pousse à retourner lire ce qui s'est écrit depuis ma dernière intervention. Et là j'apprends, proprement sidérée, que la foi, mesdames et messieurs, la foi est rationnelle (t'as qu'à lire Ratio truc de JPII). Je vous le dit tout net, passée la surprise, j'ai été submergée par l'écœurement. On sera peut-être tenté de me dire qu'il est bien temps que j'ouvre les yeux sur cette machiavélique institution, mais on aurait tort, car il y a longtemps que je ne suis plus dupe des petits arrangements avec l'Esprit, ce n'est pas mon problème. La chose qui me choque, c'est qu'en mettant la foi sous le carcan de la rationnalité, on lui retire absolument toute valeur. Asservir la croyance à la pensée, c'est véritablement mettre de l'eau en cage !
Il est probable, dans ma stupidité, que je sois trop attachée à la valeur de l'amour et, par ailleurs, trop séduite par la philosophie du Tao, par essence hors concept pour supporter encore aucune sophistique quelle qu'elle soit. Vous me direz que peut-être, ce texte de JP2 ne vise qu'à montrer que la foi ne s'oppose pas à la raison, qu'elle la complète, l'enrichit et toutes sortes de choses les plus riches et les plus belles. Certes, c'est fort possible et même plus que probable.
Le problème, c'est que pour moi, ce qui faisait la valeur de la foi, c'est de marcher sur les eaux, justement... Ce qui faisait la valeur de la foi, c'est de tout quitter de raisonnable pour plonger dans les charbons ardents d'un amour fou, celui que chante Thérèse d'Avila, par exemple. Ce qui faisait la valeur de la foi, c'est son empire souverain sur la raison, les idées, la philosophie ; je riais de l'échec de Pascal à prouver rationnellement l'existence de Dieu, je pensais qu'il s'était juste trompé d'autel... Je faisais une différence essentielle entre la raison perfectible et la foi indéfectible, entre l'esprit grossier et l'Esprit saint, peut-être, mais sain, mais parfait, mais au-delà des mots ! Las, mes biens chers frères, l'église catholique que je refréquentais parfois sans déplaisir vient de me dégoûter d'elle, le plus benoîtement du monde.
Vais-je rejoindre la cohorte des cyniques, des athées, des dégoûtés de l'humain ? 

Plutôt, je vais répondre à la question du blogueur qui se demande pourquoi les femmes, qui ont l'esprit moins analytique (c'est bien connu) n'ont pas envie d'ergoter elles aussi sur le mirifique site catholique. Eh bien, c'est sans doute dû à leur nature profonde de mère, l'expérience ou même l'anticipation ou même la potentialité de la maternité leut donne accès à des vérités sur la vie que les hommes ne peuvent entrevoir et que, ainsi plongées dans la véritude la plus immédiate et la plus éclairée, elles n'éprouvent pas le besoin d'expliquer ce qu'elles savent que les autres femmes savent ontologiquement parlant et que les hommes ne seront jamais le moindrement capables d'aprocher d'un iota ! Si les femmes n'ergotent pas, ne glosent pas, c'est que ça ne sert strictement à rien...

Bon, j'ai tort, sans doute d'ironiser de la sorte, mais ma déconvenue était telle qu'il me fallait ce sursaut pour m'en remettre.
Après tout, je m'en fous, je suis désabonnée, qu'il jouent entre eux, forts de leur savoir et de leurs certitudes. Quant à moi, chargée de ma stupidité, de mes questions et de mes doutes, je comptes poursuivre la route de mon agnosticisme sans église, avec un Dieu de Mystère, mais obstinément, farouchement, furieusement sans maître. Que m'importent les réponses qui arrangent, je leur préfère de loin les questions qui dérangent
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C
<br /> Elevée dans la religion catholique par superstition parentale, j'ai entendu un jour Brel chanter : "Dites, si c'était vrai, s'Il était né vraiment à Bethléem..." A cet instant j'ai eu la nette<br /> impression qu'on m'avait menti. Depuis, je suis agnostique, et fière de l'être, je ne détiens aucune vérité, je cherche. J'apprécie les questions qui dérangent, c'est le moteur qui nous<br /> permet d'avancer. Je ne garde de la religion catholoque le message du Christ (puisqu'il faut lui donner un nom) qui prône la connaissance, l'amour, la liberté, et  qui, surtout,<br /> se doit d'être universel !  <br /> <br /> <br />
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A
<br /> Ce Jésus que reconnaissent l'Islam et le judaïsme comme un grand prophète, ce n'est peut-être pas un hasard.<br /> <br /> <br />
A
<br /> Quelqu'un de stupide ne s'en rend pas compte et s'en plaint encore moins.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> En effet, Annie, le sentiment de la bêtise tient moins à un état général qu'à un stationnement frustrant.<br /> <br /> <br />
T
<br /> <br /> les questions qui dérangent... comme dirait mon pote Sting à propos des soviétiques, "I subscribe to this point of view". Toute cette histoire de foi me fait penser à un philosophe (et<br /> accessoirement poète) roumain des années 30 à 50 que j'avais le malheur d'aimer beaucoup pendant mes années lycée. était un monsieur qui ne rejetait pas la rationalité des choses, il disait juste<br /> que ça en enlevait une bonne partie de leur charme... et ça donnait bien envie de le suivre, dans ses rêveries... "n'enlevons pas la corolle lumineuse autour de la lune, elle sera bien moins<br /> belle sans..." mais je suis hors sujet, peut-être, merci Ardalia, ça fait plaisir de te lire, comme à chaque fois. Ah, le monsieur en question était un certain Lucian Blaga, au cas ou...<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> Merci pour la référence que je ne connaissais pas. Le charme est du vocabulaire de la sorcellerie et il y a de cela dans la spiritualité, une réalité autre, mais elle n'est pas extérieure, au<br /> contraire...<br /> <br /> <br />
A
<br /> Cela tient presque de la pensée magique d'espérer trouver un site labellisé église catholique où l'on parle véritablement d'amour...<br /> Mieux vaut en effet s'en tenir aux grands mystiques (qui n'ont généralement pas été en odeur de sainteté  en leur temps), comme Thérèse d'Avila ou Jean de la Croix.<br /> Quand à la foi, sa rationalisation ne peut être qu'une mise en équation à trois inconnus trinitaires... !<br /> Si vous voulez entendre parler d'amour et de mystère de l'homme... Visitez donc mon blog !!<br /> (Publicité gratuite offerte par les trompettes divines la renommée...)<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Bien qu'il soit catho et de droite, j'aime bien Koz, sans être parfait, mais qui l'est, il travaille une voie de vérité que j'apprécie. Du coup, j'ai suivi la création de ce site, et je lirai les<br /> billets qui seront mis sur FB, car les billets sont pluriels, comme les auteurs et, oui, ils parlent parfois d'amour.<br /> Mais je suis d'accord pour les mystiques, ils sont supra-religieux, universels et peuvent parler à tous..<br /> <br /> <br />
A
<br /> stupide d'avoir mal manœuvré, mal argumenté et finalement, d'avoir tout simplement réagi.<br /> Je ne suis fichtrement pas d'accord avec toi. C'est qu'on parle du grand 'Ternet, là, pas d'une discussion en vrai... Même en vrai, c'est toujours amusant d'aller semer les graines d'autre<br /> chose dans des certitudes idiotes, mais c'est souvent peu fructueux (encore que, l'Esprit souffle où il veut). Mais sur le 'Ternet, c'est bien plus utile, parce que la "discussion" ne se limite pas<br /> aux participants que tu vois, elle sera lue, en direct et plus tard, par des tas d'autres gens. C'est bien pour ça que c'est intéressant de réagir, même si on sait qu'on n'a presque aucune chance<br /> de convaincre ou même simplement d'ouvrir un peu l'esprit des gens à qui on parle, parce qu'il y a aussi les gens qui écoutent en silence, et qui n'attendaient peut-être que ça pour lancer l'usine<br /> à réfléchir.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Ce qui prouve l'egotisme de mon sentiment...<br /> Tu as tout à fait raison.<br /> <br /> <br />