Brut de nuit
Bouh, c’est pesant. Déjà que ça l’est de se lever la nuit, la tête complètement farcie, en mode « je t’explique » en long en large et en travers, mais en plus, il faut passer du temps à mettre word à ses besoins, fond foncé, police machin, à on ne sait quoi de gros. Bref.
Ah ben voilà, ça cauchemarde, maintenant. D’abord la noyade, ensuite l’étranglement. Mais c’est pas sa faute, d’abord, y a un tsunami, ensuite, ça se fait étrangler par Roch Voisine qui est devenu fou, sans doute psychotique, tu sais, la dépression pas soignée qui se complique. Ouais, Roch Voisine, c’est chié, hein ? C’est sa meuf qui le dit et quand on le voit, on la comprend, on l’écoute, on la prend dans ses bras, la pauvre bichette affolée, on arrive presque à la convaincre de le faire interner, parce qu’il est réellement dangereux pour les autres, mais boum, trop tard, ça se fait étrangler. C’est ballot de crever d’avoir raison, non ?
Naturellement, ça se lève tendue, pas bien, avec le cerveau qui mouline comme quoi c’est complètement soumise à son psy. Ça fait ce qu’il demande et gnagnagna de carpette bien élevée... N’empêche que là, il gonfle, et que ça veut lui faire comprendre d’ouvrir ses esgourdes et de retenir c’est quoi le Travail de Byron Katie, parce que ça en a déjà parlé, merde, pas qu’une fois et que si tu fais « oui » dix fois quand tu en entends parler, tu ne demandes pas niaisement c’est quoi à la onzième. Bon, entre la mère qui submerge et le père qui étrangle, ça ne sait pas trop ce que ça projette sur le psy, mais on dirait juste un bon cocktail papa-maman de derrière les fagots d’orties.
Ça s’est vautré dans son mépris général de tous et de chacun, comme quoi les hommes sont quand même des pipes et les meufs cassent tout d’excellence. Genre qu’avec ce psy de carton, ça ne se sent pas comprise et que ça devrait voir, elle, là, euh, Monique de Kermadec, qui est une « vraie », elle, et qui aurait l’oreille, l’analyse fine, la réponse et la réaction sublimement idoine, tu vois ?
Aussi, c’est vexé. C’est toujours un peu vexé, quand ça parle du Travail à quelqu’un que ça ne méprise pas totalement a priori et que la curiosité n’est pas éveillée chez l’autre. C’est vexé de s’être illusionnée sur cette personne qui, finalement, s’avère médiocre, elle aussi. Ça rit d’écrire ces mots, d’observer ses mécanismes puérils de protection : cet odieux, ce consternant, cet insufférable mépris.
Sachez-le, tas de fumiers puants, si vous passez à côté du Travail de Byron Katie, vous êtes juste des pôv’ types et ça ne vous parle que parce que ce n’est pas son amie, bien souvent et que, donc, ça éprouve le besoin de parler à quelqu’un, parfois.
Ça va vous dire un truc, si ça parle de soi en disant « ça », c’est parce que ça n’a pas encore voulu se soumette à un exercice que propose Byron Katie. Elle invite à passer une journée à parler de soi comme d’une personne tierce, donc de parler de soi à la troisième personne Ça joue souvent à faire cet exercice, dans sa tête, sans jamais avoir osé se lancer face aux gens, mais elle s’appelle « ça ». Elle a peur de se prendre pour Jules César, un peu. Et puis, en y pensant, elle s’est dit que jouer à être « elle » ne lui ferait pas plus de mal que de jouer à être Isabelle, tu vois. A la fois, ce n’est qu’un jeu, à la fois, c’est une occasion de révélations étonnantes, de mettre en relief d’autres points de vue, d’ouvrir à d’autres perspectives.
Nous sommes si mignons à jouer nos personnages mécaniques : masculin, féminin, parental, professionnel, exemple moral, exemple immoral, contre-exemple absolu ! etc. Et si tu ne vois pas le rapport, je n’ai plus le courage d’expliquer, là.
Peut-être pourra-t-elle dormir à nouveau, maintenant ? Bisous.