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S'envolera

26 Mars 2011, 23:14pm

Publié par Ardalia

Chers lecteurs, la question se pose à moi se savoir quand décide-t-on de grandir ?

 

Je viens de regarder mes dessins, du moins ce qu'il en reste, car j'en ai brûlé une certaine quantité, lors d'une soirée où il me semblait que c'était le seul moyen de faire le deuil, quand, en vérité, je désirais disparaître et effacer les traces de mon existence.

Mais mes sœurs m'ont raisonnée et j'ai donc gardé l'essentiel que je feuillette parfois, de moins en moins sensible à l'orgueil et de plus en plus au récit que tissent ces dessins et qui parle de solitude, d'étouffement, de violence ou tout simplement de souffrance. Je ne fais pas de découverte, car tout était conscient, assumé, montré. Mais il n'y avait personne pour les voir, les voir vraiment et me sortir de cet étouffoir.

Au fil des pages s'enchainent les hommes, les hommes, les hommes. Leur corps, leurs postures, leur visages, leurs expressions dures ou rieuses, etc.Des hommes qui me regardaient.


Comme je me suis fatiguée de les dessiner, je suis fatiguée du récit de ma vie. Il n'y a pas de lumière qui ne soit ternie par son cadre : la moquerie, l'humiliation, la bêtise et toutes ces flèches qui faisaient de moi une sorte de saint François ambulant.

Petite, pour lutter contre ma solitude, je m'envoyais des messages dans le futur. Je me disais certaines choses dont je voulais me souvenir toute ma vie, des choses belles et que je pensais fondatrices sur l'amour, des choses dont j'aurais aimé qu'un adulte me parlât. Je lançais des messages de sagesse de l'enfant adulte d'hier à l'adulte enfant de demain.


Est-ce pour cela que je ne deviens pas adulte ? Est-ce parce que je suis prise dans cette parole qui disait "amour" pour conjurer la souffrance ? C'est peu de dire que je déçois mes espoirs d'hier, car je pensais répandre la sagesse sur le monde et en cours de route, j'ai perdu toute foi en ma voix. Toute foi en moi.

Cette foi que j'avais en mon intelligence à de quoi attendrir, elle était sans malice, totalement naïve. Et les années passant, c'est ma bêtise que je vois surgir partout, que je sens m'emprisonner, la bêtise de l'intelligence. Quant on croit avoir tout compris et que l'on explique ses pentes par des raisonnements carrés. Il y a toujours d'excellents motifs au découragement, à l'à-quoi-bonnisme, au verre à-demi vide.

 

En ce moment, je suis un régime ammaigrissant et affronte sans dérivatif cette tension qui me tord le dos, qui désordonne les battements de mon cœur et qui me pousse encore à ce mouvement vers la bouche, ce remplissage à demi-conscient, cette boulimie compensatrice. J'essaie de regarder l'angoisse en face, ce n'est pas un exercice facile. Il est trop tôt pour détecter le moindre résultat.

La maison de mon enfance s'appelait L'Eau Vive. Dans le jardin passait et passe encore un ruisseau qui venait de l'autre bout du champ et qui sortait impavide du jardin pour se jeter dans la rivière. Quant j'étais petite, j'ignorais que mon père chantait comme une casserole et je lui demandais souvent de me chanter L'Eau Vive, même si je ne comprenais pas tout. Étais-je "la petite" en question ? C'est ce que j'espèrais, bien avant de savoir lire.

 

 

Je voudrais juste m'en aller au large. Entre vos doigts, l'eau vive s'envolera...

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A
<br /> <br /> Je ne sais pas si on "décide" de grandir. Il me semble que ça se fait tout seul, quand on y est prêt, un jour on regarde le chemin parcouru et on voit que oui, décidément, on a grandi.<br /> <br /> <br /> <br />
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