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Un petit caillou, un joli caillou

1 Mai 2013, 21:51pm

Publié par Ardalia

Tout à l'heure, sur la fin de la promenade et par association d'idée, j'ai fait un aveu à Fitz, je lui ai dit que je pensais que plus personne ne me connaissait vraiment. Je n'ai pas l'impression que ma famille m'a jamais connue, partie par aveuglement ou indifférence et partie parce que je n'étais tout simplement pas moi-même. Mais quand les personnes les plus visiblement passionnées à vous connaître n'ont pour but que de vous dominer ou de vous faire mal, vous vous racontez bien des histoires et vous vous laissez pétrir par la soumission et la colère. Dans un univers ou l'on ne complimente pas, ou alors pour humilier autrement, on peine à se connaître soi-même.

Après l'on rencontre d'autres personnes qui vous disent que vous êtes douce, que vous êtes persévérante, que vous êtes bonne, tout simplement. Et il est bien difficile de se reconnaître dans ce portrait quand on s'est raconté toute sa vie une autre histoire, une histoire de noirceur et de médiocrité.

J'ai dit à Fitz que mes amis de maintenant ne me connaissent pas depuis très longtemps, que j'avais beaucoup changé. Et puis j'ai ajouté que peut-être que je me trompe et que S. avec qui j'ai vécu presque un an et demi pourrait dire qu'elle me connaît bien, maintenant. Au fond je ne sais pas. Fitz a ajouté avec raison que c'est très long de bien connaître une personne, que l'on pouvait être surpris encore par les gens que l'on pensait connaître.

Et puis j'ai pensé à mon ami T. pour qui tout est récit et je crois de plus en plus qu'il a raison. Ne sommes-nous pas en partie ce que nous nous racontons que nous sommes ? Tout est parole, disait Dolto. Il y a un dialogue entre le conscient et l'inconscient et il est parfois difficile, dans la cacophonie et la douleur, de reconnaître que c'est le conscient qui se ment à lui-même et qui ment à l'autre. Ainsi, cette pensée n'est-elle pas un écho des vieux leitmotivs qui racontaient comme j'étais laide et envieuse, comme j'étais une mauvaise chrétienne, comme j'étais écrasée par le mépris, l'indifférence, l'arrogance.

Alors, y a-t-il quelqu'un qui me connaisse bien, qui sache vraiment qui je suis, aujourd'hui ? Est-ce important ? Les milliers de petits reflets composent de moi un portrait plus juste qu'il n'a jamais été, mais comme me rappelait justement Jean-No il y a peu, "soi-même" c'est quand même un peu une coquille vide... Et puis est-il si bon d'être connaissable au point d'être si prévisible, n'est-ce pas le terrain rêvé de l'ennui ? Quelques grands traits suffisent et chacun met les petits détails qu'il "voit", réels ou imaginaires. Je veux bien être un récit dans les récits, si je peux, à mon gré, être parfois un récif.

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B
Perdre les gens de vue, c'est parfois aussi bête qu'un changement de version over-blog... :-)<br /> Me suis rabonné. Fin des histoires de boutique.<br /> ----<br /> Quant à connaître autrui ou soi-même... On perçoit des choses, on interprète, on interpole, on se risque à extrapoler (pardonne cette remontée de formation scienteuse). On suppose, on suppute, on parie, on mise sa confiance. Parfois on perd. Selon qu'on veut être un(e) type(sse) bien ou le roi(reine) du monde on oblique vers tel ou tel autre chemin. Tant qu'on peut recommencer on est vivant. Au-delà...
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A
Ah ben vlà t'y pas que je ne sais plus répondre aux commentaires depuis l'interface nouvelle (qu'elle est arrivée, ohé). Je venais justement m'étonner que ce billet ne fasse réagir personne. Peut-être remue-t-il trop de choses un peu douloureuses, tu as raison, l'Autre insaisissable, l'Autre qui s'échappe. <br /> Pourtant, je me disais hier que l'on change si peu, à toujours faire les mêmes erreurs, retourner les mêmes mauvais films... En cela nous sommes prévisibles, au moins quelques temps, car on change si peu, au fond. Tout juste soigne-t-on quelques plaies, dépose-t-on quelques armes, si l'on y travaille ou si on se laisse travailler par la vie.