L'occasion
Chers lecteurs (ouh ouh, il y a quelqu'un-hun-hun ?), il est tard, je suis à demi assommée par cette journée qui fut très chaude, mais mon blog ayant été évoqué ce soir à table, je me suis dit que c'était l'occasion de vous faire un signe.
Il se trouve qu'en Novembre de l'année dernière, j'ai déménagé de mon appartement toulousain pour emménager avec deux amis colocataires qui se partagaient une maison en banlieue et dont le surnom célèbre est Couvemaison. Ce soir, avec S., nous avons parlé d'internet et surtout des relations que nous y entretenions, car elle vient de fermer son compte Twitter. Dans cette discussion, j'ai réalisé que Twitter, bien plus que FB, me tient éloignée du blog.
Bien sûr, il y a la question du temps, qui semble passer vite sur Tw, car si l'on suis beaucoup de gens, les publications sont nombreuses et quasi continues. Mais surtout, je crois que j'y lâche bien des choses qu'auparavant je gardais et remâchais plus ou moins longuement avant d'en faire un billet où, malgré ma manie du premier jet tout cru, Je cultivais un art et une manière d'écrire qui ne déplaisaient pas à tous.
Mais en vérité, expliciter les choses m'est très difficile. J'ai dit à quelqu'un qui m'a comprise — et ce fut un grand soulagement — que lorsque j'écrivais, ma tête faisait comme un moteur de voiture que l'on pousse, alors que le frein à main est fermenent serré... Parmi un brouhaha de pensées diverses, il faut faire un tri rigoureux, ce qui est rarement facile, et ne placer que ce qui se rapportera au propos d'une façon à la fois logique et souple. Avant même d'avoir fini d'écrire cette phrase, j'étais déjà en train de penser à une conversation autre... C'est là que Twitter est mon ami.
Je m'y livre sans retenue à cet art de la concision lapidaire qui me donne beaucoup de satisfactions — Choisir les bons mots, trouver la figure efficace, etc. —.Et surtout, aller très vite.
Twitter me sert aussi beaucoup à diffuser des liens, comme FB et maintenant G+. Lorsque je lis quelque chose que je trouve essentiel, il me semble que ma diffusion est toujours trop faible, je voudrais pouvoir le clamer sur les toits.
Et puis il y a un aspect plus sombre ou pathétique, comme on veut. J'ai vécu seule très longtemps et même avec mes colocs, je ne partage pas tout ce que je voudrais dire. Par allieurs, notre colocation prendra fin inéluctablement l'an prochain, lorsque notre bail touchera à son terme. Et cela me renvoie à ma solitude, indéracinable, abyssale. Ceux d'entre-vous qui lisaient mon précédent blog se souviennent sans doute de mon désespoir quant aux commentaires, lorsque ceux-ci venaient à manquer... Je me sentais étouffée par ce vide et c'est toujours le cas aujourd'hui. Je trompe ma solitude par ces bruissements écrits, cette fibrillation de propos divers et éparpillés, ces indignations, ces enthousiasmes, ces colères, ces mots gentils. Je trompe mon angoisse, sauf quand je la regarde dans les yeux, que je me vois trembler, que je me vois dans cette attente pathétique de qui me répondra, qui sera là pour moi...
En cela, le blog est moins fiable, car je ne suis pas de ces personnes qui drainent les foules et sont charmantes au point que tout un chacun ait envie de se faire connaître à leurs yeux. Ce n'est certe pas la solitude qui enseigne l'art de la séduction, en écrits comme en paroles ou en artifices vestimentaires. Twitter m'est un palliatif au vide, à l'absence, l'abandon que je porte comme un éternel enfant et qui, tel le petit renard de l'histoire, me ronge de l'intérieur...
Voilà, ces quelques mots sur un réseau social, ma réflexion ne va pas loin, mais je me suis dit que c'était l'occasion de vous saluer, de... partager.
Si ça peut vous rassurer, S. trouve que dans la vie, je suis moins sombre que sur mon blog. Cela pourrait faire l'objet d'un autre billet...