Cherche en chlore, tant que brûlera ta flamme...
Ah oui, dominer la peur : belle ambition, en vérité. Et dominer la douleur qui me brise le dos, le lendemain, ça sert à quoi, sinon à aller plus mal encore ?
Cette fois, je voulais aller à la piscine à une heure où peu de gens s'y trouveraient, je m'y suis donc rendue vers 19h. Belle idée, c'est blindé... Bon, cette fois, je prends le gel douche, c'est vraiment trop désagréable de sentir le chlore en rentrant chez soi, sans compter le risque de développer des champignons et autres gracieusetés dans les petites coins intimes.
Bonnet, serviette, gel : je suis équipée et j'avance d'un pas relatif mais il y a vraiment beaucoup de jeunes, je suis un peu surprise. Plutôt que me payer le ridicule de déranger une classe, je préfère demander aux maîtres nageurs s'il y en a une ou non. Bien sûr, mes oreilles sont restées au vestiaire, je préviens donc les jeunes monsieur et la jeune dame que je suis sourde, qu'il faut me répondre par hochement de tête. Le type fronce les sourcils, ce n'est pas un rapide... Je demande donc à la jeune femme qui me regarde franchement en souriant et me répond vocalement mais avec des mouvements de tête on ne peut plus clairs. Le type me répond et parle à son épaule, si bien que le secours de la lecture labiale m'est refusé. Je le regarde fixement et lui fait le signe de surdité, l'index qui désigne l'oreille, puis le coin de la bouche. Je pars avec un dernier coup d'œil aux yeux pétillants d'humour de la jeune femme, elle est bien accompagnée, sans nul doute.
Ce n'est pas de chance, l'un des bords est bondé, l'autre occupé en son milieu par d'apprentis sauveteurs qui ne cessent de sauter dans l'eau les pieds en premiers pour se sauver les uns les autres et apprendre à remonter un corps sur le bord. Cette activité nous oblige à faire une embardée, au risque de percuter les nageurs qui reviennent en face. Je crois que c'est dans Merde in France que l'auteur fait remarquer que les français marchent comme ils roulent, en serrant à droite. Eh bien, ils nagent de la même façon, cette discipline est assez étonnante, surtout dans cette ville où l'indiscipline est si habituelle. Mais là, c'est presque religieusement que le sens giratoire est respecté, on attend son tour au bout, sauf si le précédent s'attarde trop, on s'excuse si on se cogne, on se faufile plutôt que de bloquer.
Du fait de cet entrainement en milieu de bassin, je suis obligée de nager la brasse, ne pouvant me fier à l'ouïe pour repérer la présence des gens. je reviens au point de départ en dos crawlé coté bouée flottante. En voyant un autre type dans la ligne d'à coté, je réalise que je dois un peu baisser la tête, au lieu de la garder bien droite, de fait, le visage un peu dégagé de l'eau, je m'étouffe moins... Une chose simple qu'une leçon aurait vite corrigé. Du fait de l'étranglement de notre ligne d'eau, de mon rythme de tortue et de ma tête qui part en arrière, je prends pas mal d'eau dans la figure, ce qui n'est pas du tout, mais alors pas du tout propice à se détendre. Le pince-nez ne m'est d'aucune utilité, pendant à la bretelle une fois de plus. Je vois aussi qu'en tendant bien le bras, bien à plat, on ne s'éclabousse pas le visage, contrairement à moi qui n'ai, au fond, besoin de personne pour me noyer à moitié... Aux plongeoirs je fais des tractions sur la barre de départ dans l'eau, Tirer sur les biceps et dégager mon torse de l'eau m'aide à me calmer et à me détendre. Un peu...
En battant les jambes, sur le dos, une douleur monte, une crampe au mollet gauche. Je rejoins le bout de la ligne tant bien que mal et m'étire la jambe, le pied fermement ramené vers moi avec sans doute force grimaces et sous le regard curieux des jeunes filles. Saloperie, elle réapparaît sans cesse, je me rend dans les douches pour boire, mais malgré cela, elle ne passe pas. Lassée de souffrir de ce début de crampe qui tend à s'étendre au pied, je veux finir le trajet en brasse. Mal m'en a pris, une ènième surprise me fais me cambrer et c'est la colonne qui sonne à la porte de la douleur, m'étreignant la gorge de désespoir. Je ne panique pas, c'est fini pour aujourd'hui, je finis en mangeant un peu la brasse indienne que j'aime tant.
En ayant un peu gros sur la patate, je vais me soigner dans le petite bassin où l'eau est à 30°, j'essaie en vain d'y faire la planche. Bon, tout n'est pas si noir, j'ai pu nager un demi-bassin vraiment bien, sans heurts, sans éclaboussures, uniquement parce que j'avais la tête ailleurs, mais enfin, ce n'est pas si mal ; s'il n'y avait pas eu un crawleur acharné pour m'inonder et me faire perdre le rythme. Je boite piteusement jusqu'aux douches, mon gel à la main, il y a du monde qui savonne sa longue chevelure avec amour, j'attends patiemment. Enfin c'est mon tour, eau brûlante, bénis soit ton nom, qui s'écoule sur mes épaules où s'appuient deux paires de bretelles.
Nom de Dieu, j'ai nagé avec mon soutif ! Je l'ai remis sous le maillot, pour marcher la demie-heure jusqu'ici et j'ai oublié de l'enlever... Grosse maligne qui va rentrer la fête au paradis, par excès de lutte contre la pesanteur et d'orgueil. La piscine ferme, tout le monde sort, y compris les moniteurs qui se retrouvent pour fumer et bavarder avec la cinquantaine de personnes qui se baignait encore à cette heure. Ils me disent que les jours où il y a moins de monde sont le mercredi et le dimanche, que le matin, on nage en largeur - 21 mètres - et que les soirs sont toujours pleins. On ne peut pas tout avoir. Ce n'est que quarante minutes plus tard que, fourbue devant le lavabo où je frotte le maillot et mon soutien-gorge décoloré, j'éclate de rire. Eh oui, je me baigne avec mon soutif, c'est pour maintenir ma prothèse mammaire, hein, cancer, ablation, tout ça, non non, je ne crains pas le ridicule, y faut c'qu'y faut, pensez !
Idiote, va...
Cette fois, je voulais aller à la piscine à une heure où peu de gens s'y trouveraient, je m'y suis donc rendue vers 19h. Belle idée, c'est blindé... Bon, cette fois, je prends le gel douche, c'est vraiment trop désagréable de sentir le chlore en rentrant chez soi, sans compter le risque de développer des champignons et autres gracieusetés dans les petites coins intimes.
Bonnet, serviette, gel : je suis équipée et j'avance d'un pas relatif mais il y a vraiment beaucoup de jeunes, je suis un peu surprise. Plutôt que me payer le ridicule de déranger une classe, je préfère demander aux maîtres nageurs s'il y en a une ou non. Bien sûr, mes oreilles sont restées au vestiaire, je préviens donc les jeunes monsieur et la jeune dame que je suis sourde, qu'il faut me répondre par hochement de tête. Le type fronce les sourcils, ce n'est pas un rapide... Je demande donc à la jeune femme qui me regarde franchement en souriant et me répond vocalement mais avec des mouvements de tête on ne peut plus clairs. Le type me répond et parle à son épaule, si bien que le secours de la lecture labiale m'est refusé. Je le regarde fixement et lui fait le signe de surdité, l'index qui désigne l'oreille, puis le coin de la bouche. Je pars avec un dernier coup d'œil aux yeux pétillants d'humour de la jeune femme, elle est bien accompagnée, sans nul doute.
Ce n'est pas de chance, l'un des bords est bondé, l'autre occupé en son milieu par d'apprentis sauveteurs qui ne cessent de sauter dans l'eau les pieds en premiers pour se sauver les uns les autres et apprendre à remonter un corps sur le bord. Cette activité nous oblige à faire une embardée, au risque de percuter les nageurs qui reviennent en face. Je crois que c'est dans Merde in France que l'auteur fait remarquer que les français marchent comme ils roulent, en serrant à droite. Eh bien, ils nagent de la même façon, cette discipline est assez étonnante, surtout dans cette ville où l'indiscipline est si habituelle. Mais là, c'est presque religieusement que le sens giratoire est respecté, on attend son tour au bout, sauf si le précédent s'attarde trop, on s'excuse si on se cogne, on se faufile plutôt que de bloquer.
Du fait de cet entrainement en milieu de bassin, je suis obligée de nager la brasse, ne pouvant me fier à l'ouïe pour repérer la présence des gens. je reviens au point de départ en dos crawlé coté bouée flottante. En voyant un autre type dans la ligne d'à coté, je réalise que je dois un peu baisser la tête, au lieu de la garder bien droite, de fait, le visage un peu dégagé de l'eau, je m'étouffe moins... Une chose simple qu'une leçon aurait vite corrigé. Du fait de l'étranglement de notre ligne d'eau, de mon rythme de tortue et de ma tête qui part en arrière, je prends pas mal d'eau dans la figure, ce qui n'est pas du tout, mais alors pas du tout propice à se détendre. Le pince-nez ne m'est d'aucune utilité, pendant à la bretelle une fois de plus. Je vois aussi qu'en tendant bien le bras, bien à plat, on ne s'éclabousse pas le visage, contrairement à moi qui n'ai, au fond, besoin de personne pour me noyer à moitié... Aux plongeoirs je fais des tractions sur la barre de départ dans l'eau, Tirer sur les biceps et dégager mon torse de l'eau m'aide à me calmer et à me détendre. Un peu...
En battant les jambes, sur le dos, une douleur monte, une crampe au mollet gauche. Je rejoins le bout de la ligne tant bien que mal et m'étire la jambe, le pied fermement ramené vers moi avec sans doute force grimaces et sous le regard curieux des jeunes filles. Saloperie, elle réapparaît sans cesse, je me rend dans les douches pour boire, mais malgré cela, elle ne passe pas. Lassée de souffrir de ce début de crampe qui tend à s'étendre au pied, je veux finir le trajet en brasse. Mal m'en a pris, une ènième surprise me fais me cambrer et c'est la colonne qui sonne à la porte de la douleur, m'étreignant la gorge de désespoir. Je ne panique pas, c'est fini pour aujourd'hui, je finis en mangeant un peu la brasse indienne que j'aime tant.
En ayant un peu gros sur la patate, je vais me soigner dans le petite bassin où l'eau est à 30°, j'essaie en vain d'y faire la planche. Bon, tout n'est pas si noir, j'ai pu nager un demi-bassin vraiment bien, sans heurts, sans éclaboussures, uniquement parce que j'avais la tête ailleurs, mais enfin, ce n'est pas si mal ; s'il n'y avait pas eu un crawleur acharné pour m'inonder et me faire perdre le rythme. Je boite piteusement jusqu'aux douches, mon gel à la main, il y a du monde qui savonne sa longue chevelure avec amour, j'attends patiemment. Enfin c'est mon tour, eau brûlante, bénis soit ton nom, qui s'écoule sur mes épaules où s'appuient deux paires de bretelles.
Nom de Dieu, j'ai nagé avec mon soutif ! Je l'ai remis sous le maillot, pour marcher la demie-heure jusqu'ici et j'ai oublié de l'enlever... Grosse maligne qui va rentrer la fête au paradis, par excès de lutte contre la pesanteur et d'orgueil. La piscine ferme, tout le monde sort, y compris les moniteurs qui se retrouvent pour fumer et bavarder avec la cinquantaine de personnes qui se baignait encore à cette heure. Ils me disent que les jours où il y a moins de monde sont le mercredi et le dimanche, que le matin, on nage en largeur - 21 mètres - et que les soirs sont toujours pleins. On ne peut pas tout avoir. Ce n'est que quarante minutes plus tard que, fourbue devant le lavabo où je frotte le maillot et mon soutien-gorge décoloré, j'éclate de rire. Eh oui, je me baigne avec mon soutif, c'est pour maintenir ma prothèse mammaire, hein, cancer, ablation, tout ça, non non, je ne crains pas le ridicule, y faut c'qu'y faut, pensez !
Idiote, va...
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