85/366 L'étrangleuse aux doigts gras
Intérieur jour, une cuisine impeccable. La femme y entre, l'air sombre, et dispose des ingrédients sur la table centrale : farine, sucre, beurre, un œuf. Elle met un soin maniaque, désagréable à nettoyer le plan de travail. Dans un saladier, elle jette et fouette sans merci le sucre et l'œuf qu'elle a cassé brutalement. Dans ce mélange, elle balance sans égards la farine et pétrit le magma mi-liquide mi-poudreux avec un plaisir sadique évident. Elle fini par égrainer le sable ainsi obtenu sur le plan de travail ou elle incorpore le beurre. D'un coup, elle se lâche, étrangle encore et encore la pâte incohérente qui glisse entre ses doigts, qui tente de lui échapper, mais elle traque la moindre miette et réduit enfin le tout, à force d'acharnement mauvais, en un magma gras et collant. Grave, manifestement calmée, elle humecte un torchon qu'elle entortille sur l'objet roulé en boule de son crime, avant le cacher au réfrigérateur.
Fragment d'aujourd'hui dont Hitchcock aurait fait un film.