F. stupide ch. Rien.
Voyez-vous lecteur, le problème, quand on est stupide, n'est pas tant d'être stupide mais d'en avoir conscience. Car sachant sa stupidité, on apprendra à se méfier
des sirènes séduisantes, des raccourcis faciles, d'à peu près tous les discours. C'est fort fâcheux, car la pente humaine pousse à suivre un troupeau humain en s'asseyant parfois sur sa grande
gueule, ce qui demande de la souplesse, à lutter pour s'intégrer et conserver sa place au soleil. Malheureusement, chers lecteurs, mon expérience du discours ne m'a pas portée au suivisme
intellectuel.
Au lancement de celui-ci, je me suis abonnée au site des Sacristains, lancé à grand bruit (la Croix en a parlé) par une douzaine de blogueurs chrétiens catholiques. Dès le départ, j'ai zappé des billets, car cet abonnement faisait suivre nos seulement le site et les billets publiés dessus, mais aussi les billets publiés sur tous les blogs des participants, je suppose que l'on appelle cela l'indexation.
Bon, c'est vrai que c'est aussi pesant de lire de la prose religieuse, les convictions des uns n'étant pas celles des autres et surtout pas les miennes, mais enfin, j'avais envie de lire des billets sur l'amour, l'engagement, la foi, etc. toutes choses que j'estime, dans ma stupidité, largement aptes à m'enrichir.
Il y a quelques jours, un blogueur a publié un billet qui commençait par se demander pourquoi il n'y avait pas de femmes parmis les sacristains pour enchainer sur le démontage de clichés qui circulent sur les femmes catholiques. Le billet se veut humoristique, je l'ai bien compris, mais j'ai surtout réagi à ce qui me choquait : l'usage du vocabulaire philosophique (ontologie, être) pour ramener la femme à ses fonctions reproductrices et à ses casseroles (mais elle peut travailler si elle veut, cette veinarde). Bon, vous imaginez bien que, lectrice d'Elisabeth Badinter, entre autre, je n'allais pas avaler cette petite couleuvre sans rien dire... J'ai donc protesté, on m'a répondu fort benoîtement (ahah) avec le plus parfait jésuitisme, en étalant du discours scolastique devant faire force de loi. Tenter de faire force de loi en matière spirituelle, n'est-ce pas un peut audacieux ?
Qu'allais-tu faire dans cette galère, me demanderez-vous, avec raison ? Pure hystérie de vieille fille frustrée, sans doute, mais aussi peut-être de vieux combats contre l'oppression paternelle, nobody's perfect. D'ailleurs, j'ai remballé assez rapidement mes idées et suis allée me faire voir ailleurs sans plus y penser, tant pis pour moi, après tout.
Mais voilà que le site publie une annonce de clôture des débats dans les commentaires qui me pousse à retourner lire ce qui s'est écrit depuis ma dernière intervention. Et là j'apprends, proprement sidérée, que la foi, mesdames et messieurs, la foi est rationnelle (t'as qu'à lire Ratio truc de JPII). Je vous le dit tout net, passée la surprise, j'ai été submergée par l'écœurement. On sera peut-être tenté de me dire qu'il est bien temps que j'ouvre les yeux sur cette machiavélique institution, mais on aurait tort, car il y a longtemps que je ne suis plus dupe des petits arrangements avec l'Esprit, ce n'est pas mon problème. La chose qui me choque, c'est qu'en mettant la foi sous le carcan de la rationnalité, on lui retire absolument toute valeur. Asservir la croyance à la pensée, c'est véritablement mettre de l'eau en cage !
Il est probable, dans ma stupidité, que je sois trop attachée à la valeur de l'amour et, par ailleurs, trop séduite par la philosophie du Tao, par essence hors concept pour supporter encore aucune sophistique quelle qu'elle soit. Vous me direz que peut-être, ce texte de JP2 ne vise qu'à montrer que la foi ne s'oppose pas à la raison, qu'elle la complète, l'enrichit et toutes sortes de choses les plus riches et les plus belles. Certes, c'est fort possible et même plus que probable.
Le problème, c'est que pour moi, ce qui faisait la valeur de la foi, c'est de marcher sur les eaux, justement... Ce qui faisait la valeur de la foi, c'est de tout quitter de raisonnable pour plonger dans les charbons ardents d'un amour fou, celui que chante Thérèse d'Avila, par exemple. Ce qui faisait la valeur de la foi, c'est son empire souverain sur la raison, les idées, la philosophie ; je riais de l'échec de Pascal à prouver rationnellement l'existence de Dieu, je pensais qu'il s'était juste trompé d'autel... Je faisais une différence essentielle entre la raison perfectible et la foi indéfectible, entre l'esprit grossier et l'Esprit saint, peut-être, mais sain, mais parfait, mais au-delà des mots ! Las, mes biens chers frères, l'église catholique que je refréquentais parfois sans déplaisir vient de me dégoûter d'elle, le plus benoîtement du monde.
Vais-je rejoindre la cohorte des cyniques, des athées, des dégoûtés de l'humain ?
Plutôt, je vais répondre à la question du blogueur qui se demande pourquoi les femmes, qui ont l'esprit moins analytique (c'est bien connu) n'ont pas envie d'ergoter elles aussi sur le mirifique site catholique. Eh bien, c'est sans doute dû à leur nature profonde de mère, l'expérience ou même l'anticipation ou même la potentialité de la maternité leut donne accès à des vérités sur la vie que les hommes ne peuvent entrevoir et que, ainsi plongées dans la véritude la plus immédiate et la plus éclairée, elles n'éprouvent pas le besoin d'expliquer ce qu'elles savent que les autres femmes savent ontologiquement parlant et que les hommes ne seront jamais le moindrement capables d'aprocher d'un iota ! Si les femmes n'ergotent pas, ne glosent pas, c'est que ça ne sert strictement à rien...
Bon, j'ai tort, sans doute d'ironiser de la sorte, mais ma déconvenue était telle qu'il me fallait ce sursaut pour m'en remettre.
Après tout, je m'en fous, je suis désabonnée, qu'il jouent entre eux, forts de leur savoir et de leurs certitudes. Quant à moi, chargée de ma stupidité, de mes questions et de mes doutes, je comptes poursuivre la route de mon agnosticisme sans église, avec un Dieu de Mystère, mais obstinément, farouchement, furieusement sans maître. Que m'importent les réponses qui arrangent, je leur préfère de loin les questions qui dérangent
Au lancement de celui-ci, je me suis abonnée au site des Sacristains, lancé à grand bruit (la Croix en a parlé) par une douzaine de blogueurs chrétiens catholiques. Dès le départ, j'ai zappé des billets, car cet abonnement faisait suivre nos seulement le site et les billets publiés dessus, mais aussi les billets publiés sur tous les blogs des participants, je suppose que l'on appelle cela l'indexation.
Bon, c'est vrai que c'est aussi pesant de lire de la prose religieuse, les convictions des uns n'étant pas celles des autres et surtout pas les miennes, mais enfin, j'avais envie de lire des billets sur l'amour, l'engagement, la foi, etc. toutes choses que j'estime, dans ma stupidité, largement aptes à m'enrichir.
Il y a quelques jours, un blogueur a publié un billet qui commençait par se demander pourquoi il n'y avait pas de femmes parmis les sacristains pour enchainer sur le démontage de clichés qui circulent sur les femmes catholiques. Le billet se veut humoristique, je l'ai bien compris, mais j'ai surtout réagi à ce qui me choquait : l'usage du vocabulaire philosophique (ontologie, être) pour ramener la femme à ses fonctions reproductrices et à ses casseroles (mais elle peut travailler si elle veut, cette veinarde). Bon, vous imaginez bien que, lectrice d'Elisabeth Badinter, entre autre, je n'allais pas avaler cette petite couleuvre sans rien dire... J'ai donc protesté, on m'a répondu fort benoîtement (ahah) avec le plus parfait jésuitisme, en étalant du discours scolastique devant faire force de loi. Tenter de faire force de loi en matière spirituelle, n'est-ce pas un peut audacieux ?
Qu'allais-tu faire dans cette galère, me demanderez-vous, avec raison ? Pure hystérie de vieille fille frustrée, sans doute, mais aussi peut-être de vieux combats contre l'oppression paternelle, nobody's perfect. D'ailleurs, j'ai remballé assez rapidement mes idées et suis allée me faire voir ailleurs sans plus y penser, tant pis pour moi, après tout.
Mais voilà que le site publie une annonce de clôture des débats dans les commentaires qui me pousse à retourner lire ce qui s'est écrit depuis ma dernière intervention. Et là j'apprends, proprement sidérée, que la foi, mesdames et messieurs, la foi est rationnelle (t'as qu'à lire Ratio truc de JPII). Je vous le dit tout net, passée la surprise, j'ai été submergée par l'écœurement. On sera peut-être tenté de me dire qu'il est bien temps que j'ouvre les yeux sur cette machiavélique institution, mais on aurait tort, car il y a longtemps que je ne suis plus dupe des petits arrangements avec l'Esprit, ce n'est pas mon problème. La chose qui me choque, c'est qu'en mettant la foi sous le carcan de la rationnalité, on lui retire absolument toute valeur. Asservir la croyance à la pensée, c'est véritablement mettre de l'eau en cage !
Il est probable, dans ma stupidité, que je sois trop attachée à la valeur de l'amour et, par ailleurs, trop séduite par la philosophie du Tao, par essence hors concept pour supporter encore aucune sophistique quelle qu'elle soit. Vous me direz que peut-être, ce texte de JP2 ne vise qu'à montrer que la foi ne s'oppose pas à la raison, qu'elle la complète, l'enrichit et toutes sortes de choses les plus riches et les plus belles. Certes, c'est fort possible et même plus que probable.
Le problème, c'est que pour moi, ce qui faisait la valeur de la foi, c'est de marcher sur les eaux, justement... Ce qui faisait la valeur de la foi, c'est de tout quitter de raisonnable pour plonger dans les charbons ardents d'un amour fou, celui que chante Thérèse d'Avila, par exemple. Ce qui faisait la valeur de la foi, c'est son empire souverain sur la raison, les idées, la philosophie ; je riais de l'échec de Pascal à prouver rationnellement l'existence de Dieu, je pensais qu'il s'était juste trompé d'autel... Je faisais une différence essentielle entre la raison perfectible et la foi indéfectible, entre l'esprit grossier et l'Esprit saint, peut-être, mais sain, mais parfait, mais au-delà des mots ! Las, mes biens chers frères, l'église catholique que je refréquentais parfois sans déplaisir vient de me dégoûter d'elle, le plus benoîtement du monde.
Vais-je rejoindre la cohorte des cyniques, des athées, des dégoûtés de l'humain ?
Plutôt, je vais répondre à la question du blogueur qui se demande pourquoi les femmes, qui ont l'esprit moins analytique (c'est bien connu) n'ont pas envie d'ergoter elles aussi sur le mirifique site catholique. Eh bien, c'est sans doute dû à leur nature profonde de mère, l'expérience ou même l'anticipation ou même la potentialité de la maternité leut donne accès à des vérités sur la vie que les hommes ne peuvent entrevoir et que, ainsi plongées dans la véritude la plus immédiate et la plus éclairée, elles n'éprouvent pas le besoin d'expliquer ce qu'elles savent que les autres femmes savent ontologiquement parlant et que les hommes ne seront jamais le moindrement capables d'aprocher d'un iota ! Si les femmes n'ergotent pas, ne glosent pas, c'est que ça ne sert strictement à rien...
Bon, j'ai tort, sans doute d'ironiser de la sorte, mais ma déconvenue était telle qu'il me fallait ce sursaut pour m'en remettre.
Après tout, je m'en fous, je suis désabonnée, qu'il jouent entre eux, forts de leur savoir et de leurs certitudes. Quant à moi, chargée de ma stupidité, de mes questions et de mes doutes, je comptes poursuivre la route de mon agnosticisme sans église, avec un Dieu de Mystère, mais obstinément, farouchement, furieusement sans maître. Que m'importent les réponses qui arrangent, je leur préfère de loin les questions qui dérangent
Commenter cet article
C
A
A
A
T
A
A
A
A
A