Me remonter le moral
Il m'arrive encore parfois, de plus en plus rarement de gémir qu'il n'y a personne "pour moi", dans le sens : pour me guider, me conseiller ou, gageure, me remonter le moral.
Pour remonter le moral à une personne, il y a plusieurs méthodes, mais la plus classique consiste à faire briller dans la vie d'une personne ce que celle-ci ne voit pas ou plus, trop penchée qu'elle est sur son chagrin et sa culpabilité. On peut peut-être résumer par "regarde ce que tu as et regarde ce que tu as fait". On a, au choix, une jolie maison, un couple solide, des enfants formidables, des projets ambitieux, on a fait un bon début de carrière, un voyage initiatique,.on a surmonté une grave maladie, etc. La personne qui se voyait en incapable doit reconnaître que vu son passif, son actif est important et d'ailleurs, Rome ne s'étant pas faite en un jour, qu'à chacun de ces derniers suffisant sa peine, à l'impossible nul n'est tenu. L'ego ainsi réconforté se replace sans douleur devant les difficultés qui l'écrasaient un peu plus tôt.
En ce qui me concerne, c'est plus compliqué. Je n'ai rien en cours qui soit de l'ordre de la famille ou de la carrière professionnelle, je n'ai pas de projets, ce que j'ai fait est bel et bon, mais ne produit rien de socialement et égotiquement valorisant.
A la limite, si l'on y tient, la meilleure méthode pour me remonter le moral, sinon la seule, c'est celle que je pratique moi-même, après le silence attentif, une sorte de compassion humoristique ou d'humour compassionnel, parce qu'il faut de l'espace pour la douleur avant de vouloir faire rebondir. C'est à peine plus élaboré que ce que peuvent pratiquer certains des membres de ma famille, mais ça me plaît bien. Le coté bourru de cette méthode, qui va amener à plaisanter sur ce qui fait mal aide à dépasser le moment de douleur et c'est tout ce qui importe, le réel n'est redoutable que parce que nous le redoutons. Bien sûr, tout le monde n'est pas toujours de taille pour ce moment dédramatisant, question de chagrin, de circonstances. Mais ça commence toujours par l'accueil, on ne console pas sans avoir vu ce qui fait vraiment mal, si c'est le fait qu'on se soit fait voler sa trousse ou si c'est parce que c'est le fait d'un que l'on croyait son ami...
C'est au fond ce que je fais en analyse, de retrouver ce qui a fait mal, sous des couches de refoulement, de déni, de carapace forgée sontre le sadisme, etc. Il y a bien longtemps que mon meilleur ami est mon psy. Car les consolations du quotidien, il y a bien longtemps que personne n'est plus capable de me les apporter. Je m'imagine aussi parfois que puisque j'ai dû m'en passer hier, ceux qui m'ont manqué alors sont marqués du sceau de la nullité - contre tout bon sens - et ne peuvent que me manquer aujourd'hui. Heureusement que la raison peut recadrer cette fausse idée rancunière et puérile...
Mais le fait est qu'en ce moment, il me semble que mon meilleur ami, c'est le poisson plein d'oméga trois que je consomme quotidiennement. grâce à mon manque absolu d'imagination culinaire. En ce moment, quand je pique du nez humide sur mon nombril, je peux penser "Ah, arrête de t'apitoyer sur ton sort !" sans que cela achève de me plonger dans l'indignité morveuse. Figurez-vous que ça marche et que ce fait me laisse stupéfaite. Moi qui ai toujours hurlé après les brutes épaisses adeptes du coup de pied au cul moral, je m'en administre de bien fermes aux moments les plus chougneux, au bord des larmes, et ça marche.
Si l'on a envie d'être optimiste, ce qui n'est pas mon cas, on peut penser que c'est parce que la phase destruction de l'analyse a laissé place à la reconstruction de l'ego. mais honnêtement, si je pique du nez, c'est que j'ai le sentiment que la destruction n'en finit pas d'une part et s'avère stérile d'autre part, rien de très guilleret. Mais enfin, je tiens le coup. Je suis nettement moins déprimée et moins déprimable, malgré ce que je contemple de médiocrité dans mon cœur et toute la peine que cela me procure, ça ne suffit plus à m'abattre. Alors, je me remonte toute seule le moral, sans m'appuyer sur le fallacieux et pulvérulent avoir, juste par la force de l'être, imparfait mais prégnant et, sans doute, du poisson. Etonnant, non ?
"X était de ces gens qui se croient intelligents parce qu'ils sont malheureux, il partait du principe que s'il l'on pouvait être heureux par les temps qui courraient, cela ne pouvait être que parce que l'on était profondément stupide, imbu de soi, cacardant des inepties. Plaçant son chagrin nombrilique sur toutes les misères du monde, X pleurait sur son sort en se sentant une tragique lucidité de philosophe séculaire."
Pour remonter le moral à une personne, il y a plusieurs méthodes, mais la plus classique consiste à faire briller dans la vie d'une personne ce que celle-ci ne voit pas ou plus, trop penchée qu'elle est sur son chagrin et sa culpabilité. On peut peut-être résumer par "regarde ce que tu as et regarde ce que tu as fait". On a, au choix, une jolie maison, un couple solide, des enfants formidables, des projets ambitieux, on a fait un bon début de carrière, un voyage initiatique,.on a surmonté une grave maladie, etc. La personne qui se voyait en incapable doit reconnaître que vu son passif, son actif est important et d'ailleurs, Rome ne s'étant pas faite en un jour, qu'à chacun de ces derniers suffisant sa peine, à l'impossible nul n'est tenu. L'ego ainsi réconforté se replace sans douleur devant les difficultés qui l'écrasaient un peu plus tôt.
En ce qui me concerne, c'est plus compliqué. Je n'ai rien en cours qui soit de l'ordre de la famille ou de la carrière professionnelle, je n'ai pas de projets, ce que j'ai fait est bel et bon, mais ne produit rien de socialement et égotiquement valorisant.
A la limite, si l'on y tient, la meilleure méthode pour me remonter le moral, sinon la seule, c'est celle que je pratique moi-même, après le silence attentif, une sorte de compassion humoristique ou d'humour compassionnel, parce qu'il faut de l'espace pour la douleur avant de vouloir faire rebondir. C'est à peine plus élaboré que ce que peuvent pratiquer certains des membres de ma famille, mais ça me plaît bien. Le coté bourru de cette méthode, qui va amener à plaisanter sur ce qui fait mal aide à dépasser le moment de douleur et c'est tout ce qui importe, le réel n'est redoutable que parce que nous le redoutons. Bien sûr, tout le monde n'est pas toujours de taille pour ce moment dédramatisant, question de chagrin, de circonstances. Mais ça commence toujours par l'accueil, on ne console pas sans avoir vu ce qui fait vraiment mal, si c'est le fait qu'on se soit fait voler sa trousse ou si c'est parce que c'est le fait d'un que l'on croyait son ami...
C'est au fond ce que je fais en analyse, de retrouver ce qui a fait mal, sous des couches de refoulement, de déni, de carapace forgée sontre le sadisme, etc. Il y a bien longtemps que mon meilleur ami est mon psy. Car les consolations du quotidien, il y a bien longtemps que personne n'est plus capable de me les apporter. Je m'imagine aussi parfois que puisque j'ai dû m'en passer hier, ceux qui m'ont manqué alors sont marqués du sceau de la nullité - contre tout bon sens - et ne peuvent que me manquer aujourd'hui. Heureusement que la raison peut recadrer cette fausse idée rancunière et puérile...
Mais le fait est qu'en ce moment, il me semble que mon meilleur ami, c'est le poisson plein d'oméga trois que je consomme quotidiennement. grâce à mon manque absolu d'imagination culinaire. En ce moment, quand je pique du nez humide sur mon nombril, je peux penser "Ah, arrête de t'apitoyer sur ton sort !" sans que cela achève de me plonger dans l'indignité morveuse. Figurez-vous que ça marche et que ce fait me laisse stupéfaite. Moi qui ai toujours hurlé après les brutes épaisses adeptes du coup de pied au cul moral, je m'en administre de bien fermes aux moments les plus chougneux, au bord des larmes, et ça marche.
Si l'on a envie d'être optimiste, ce qui n'est pas mon cas, on peut penser que c'est parce que la phase destruction de l'analyse a laissé place à la reconstruction de l'ego. mais honnêtement, si je pique du nez, c'est que j'ai le sentiment que la destruction n'en finit pas d'une part et s'avère stérile d'autre part, rien de très guilleret. Mais enfin, je tiens le coup. Je suis nettement moins déprimée et moins déprimable, malgré ce que je contemple de médiocrité dans mon cœur et toute la peine que cela me procure, ça ne suffit plus à m'abattre. Alors, je me remonte toute seule le moral, sans m'appuyer sur le fallacieux et pulvérulent avoir, juste par la force de l'être, imparfait mais prégnant et, sans doute, du poisson. Etonnant, non ?
"X était de ces gens qui se croient intelligents parce qu'ils sont malheureux, il partait du principe que s'il l'on pouvait être heureux par les temps qui courraient, cela ne pouvait être que parce que l'on était profondément stupide, imbu de soi, cacardant des inepties. Plaçant son chagrin nombrilique sur toutes les misères du monde, X pleurait sur son sort en se sentant une tragique lucidité de philosophe séculaire."
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