Mêlons les plaisirs...
Un commentaire de Mume, dans le billet précédent, m'a rappelé une chanson de Serge Lama que j'aimais beaucoup enfant et rechante avec plaisir à l'occasion "C'était ma femme". D'ailleurs, j'ai aimé cette chanson avant de pouvoir en saisir toutes les références, car je tiquais sur "les
filles de joie m'embrassaient par pitié"... Ignorant l'aspect sociologique de cette joie, je me demandais comment on pouvait à la fois être joyeux et apitoyé... De même, on ne m'avait pas encore
brieffée sur les modalités de ce septième ciel où l'âme de l'épouse s'était probablement établie, moi qui ne connaissais que l'aspect catholique des affaires célestes. Aujourd'hui encore, chantant
cette chanson avec un entrain particulier, surtout en arrivant au dernier couplet à partir de "Ils ont dressé l'échafaud dans le pré" qui me ravit particulièrement, je ne puis pousser la dernière
fausse note sans que ma mémoire ne me mette sur la piste suivante du vinyle fameux, à savoir "Ivan, Boris et moi" de Marie Laforêt :
"On était tous amoureux
Toi de moi et moi de lui
L'une hier l'autre aujourd'hui."
Les pensées se suivent et je vous les livre comme elles viennent...
Il y a quelques années, quand est sortie la comédie musicale "les Dix commandements", j'étais à la fac avec, dans ma promo, de bonnes petites cathos bien vierges et fières de l'être, qui chantaient parfois quelques refrains aux intercours, dont "le Dilemme" :
"Moi j'aimerais pouvoir aimer
Les yeux fermés
Pouvoir partager
Et l'amour et l'amitié
Mêlons les plaisirs
Sans avoir à choisir"
J'avoue en être restée ébahie la première fois, j'ai même demandé à une copine si elles comprenaient bien ce qu'elles chantaient, tellement le thème de la chanson me semblait aller à l'encontre de toutes les idées qu'elles professaient par ailleurs : pélerinages, virginité, mariage, fidèlité, non contraception, etc. Les jeunes filles sont pleines de surprises.
En fait, je prends seulement la mesure de ce que représente ce défi incroyable qu'est la vie selon les préceptes catholiques dans la société moderne. Il y a beau temps que cette vie n'est plus la norme bourgeoise morale, les révolutions sociales et industrielles étant passées par là, mais de là à admettre que la sexualité soit un topos de consommation comme un autre, au bon vouloir de chacun, il y a un pas que je n'ai pas envie de franchir.
Selon la psychanalyse de Freud que d'aucun ont plaisamment résumé en "Parce queue", la restriction de l'exercice sexuel chez les jeunes qui se tiennent aux préceptes de leur religion ne peut être due qu'à la peur, elle est forcément névrotique. Mais la névrose, à mon sens, n'est à combattre que si elle est cause de souffrance et que l'on ne peut en sortir, pourquoi fustiger le choix libre et consenti ? Les gens qui font librement le choix de l'abstinence sexuelle se trouvent en possession d'une énergie puissante à sublimer en diverses activités, non sans mal, mais avec la satisfaction d'agir pour le bien de tous, les autres et soi-même, qu'ils en soient finalement contents ou non est leur affaire.
Aujourd'hui, la normalité est à la consommation sexuelle, à la jouissance libre et consentie, à l'expérimentation audacieuse, etc et l'on nous dit que c'est bel et bon, au pays des gens musclés aux belles dents blanches.
Pourtant, pour peu que l'on veuille le voir, les maux du sexe sont partout. La masse immense des gens qui ne sont pas assez séduisants selon les canons et doivent ravaler leur frustration faute de pouvoir séduire, de ceux qui cherchent à bâtir un couple et se retrouvent, malgré eux, à collectionner les échecs, de ceux qui ne se sentent pas assez performants et ont recourt à la chimie pour soutenir la "nature", de ceux qui, mécanisés par le formatage des films pornographiques dès leur plus jeune âge, ne savent pas s'ouvrir à l'autre et partager autre chose que des performances sportives, ceux qui ont des petits seins, des petits sexes, de petites libidos, etc. Aujourd'hui, presque tous les gosses de 10 ans ont vu des images pornographiques, s'en portent-ils bien, à cet âge où le sexe est encore quelque chose de sale ?...
Je me demande comment on peut reprocher aux chrétiens, aux juifs, aux musulmans de vouloir vivre entre eux et de ne pas s'exposer plus que nécessaire à la grande baisade jouissive que l'on nous vend à longueur de magazines, de films et d'émissions médiatiques. Mais je me demande aussi comment reprocher à celui qui a grandi sans interdits religieux, (ou qui ne s'est pas laissé arrêter par "si peu") de jouir de sa vie sexuelle sans abuser ou violenter quiconque, dans un bon esprit curieux, respectueux et ouvert ? Comment lui reprocher d'être à l'écoute de son corps, de son époque carpediemique, de ses désirs, lui qui a appris très tôt à les écouter ? Il me semble qu'il faut être bien enfermé pour juger sans recul de l'enfermement de l'autre, il faut n'avoir pas pris la mesure de son histoire pour fustiger le produit d'histoires ignorées ; c'est rarement le plus honnête qui traite le plus vite son vis-à-vis d'hypocrite...
En ce qui me concerne, la seule règle défendable est le respect de l'autre et de sa liberté de choix, du moment que celui-ci me respecte en retour. Le reste... Les professions de foi, qu'elles tendent à pousser à la consommation ou à l'abstinence ne sont que des professions de foi, certainement pas des règles absolues, encore moins des vérités limpides. Qu'on nous abreuve de sondages, de statistiques, la réalité est et sera toujours plurielle et complexe, les êtres humains plus grands que leurs écoles de pensées et les chansons d'amour auront longtemps de beaux jours devant elles...
"On était tous amoureux
Toi de moi et moi de lui
L'une hier l'autre aujourd'hui."
Les pensées se suivent et je vous les livre comme elles viennent...
Il y a quelques années, quand est sortie la comédie musicale "les Dix commandements", j'étais à la fac avec, dans ma promo, de bonnes petites cathos bien vierges et fières de l'être, qui chantaient parfois quelques refrains aux intercours, dont "le Dilemme" :
"Moi j'aimerais pouvoir aimer
Les yeux fermés
Pouvoir partager
Et l'amour et l'amitié
Mêlons les plaisirs
Sans avoir à choisir"
J'avoue en être restée ébahie la première fois, j'ai même demandé à une copine si elles comprenaient bien ce qu'elles chantaient, tellement le thème de la chanson me semblait aller à l'encontre de toutes les idées qu'elles professaient par ailleurs : pélerinages, virginité, mariage, fidèlité, non contraception, etc. Les jeunes filles sont pleines de surprises.
En fait, je prends seulement la mesure de ce que représente ce défi incroyable qu'est la vie selon les préceptes catholiques dans la société moderne. Il y a beau temps que cette vie n'est plus la norme bourgeoise morale, les révolutions sociales et industrielles étant passées par là, mais de là à admettre que la sexualité soit un topos de consommation comme un autre, au bon vouloir de chacun, il y a un pas que je n'ai pas envie de franchir.
Selon la psychanalyse de Freud que d'aucun ont plaisamment résumé en "Parce queue", la restriction de l'exercice sexuel chez les jeunes qui se tiennent aux préceptes de leur religion ne peut être due qu'à la peur, elle est forcément névrotique. Mais la névrose, à mon sens, n'est à combattre que si elle est cause de souffrance et que l'on ne peut en sortir, pourquoi fustiger le choix libre et consenti ? Les gens qui font librement le choix de l'abstinence sexuelle se trouvent en possession d'une énergie puissante à sublimer en diverses activités, non sans mal, mais avec la satisfaction d'agir pour le bien de tous, les autres et soi-même, qu'ils en soient finalement contents ou non est leur affaire.
Aujourd'hui, la normalité est à la consommation sexuelle, à la jouissance libre et consentie, à l'expérimentation audacieuse, etc et l'on nous dit que c'est bel et bon, au pays des gens musclés aux belles dents blanches.
Pourtant, pour peu que l'on veuille le voir, les maux du sexe sont partout. La masse immense des gens qui ne sont pas assez séduisants selon les canons et doivent ravaler leur frustration faute de pouvoir séduire, de ceux qui cherchent à bâtir un couple et se retrouvent, malgré eux, à collectionner les échecs, de ceux qui ne se sentent pas assez performants et ont recourt à la chimie pour soutenir la "nature", de ceux qui, mécanisés par le formatage des films pornographiques dès leur plus jeune âge, ne savent pas s'ouvrir à l'autre et partager autre chose que des performances sportives, ceux qui ont des petits seins, des petits sexes, de petites libidos, etc. Aujourd'hui, presque tous les gosses de 10 ans ont vu des images pornographiques, s'en portent-ils bien, à cet âge où le sexe est encore quelque chose de sale ?...
Je me demande comment on peut reprocher aux chrétiens, aux juifs, aux musulmans de vouloir vivre entre eux et de ne pas s'exposer plus que nécessaire à la grande baisade jouissive que l'on nous vend à longueur de magazines, de films et d'émissions médiatiques. Mais je me demande aussi comment reprocher à celui qui a grandi sans interdits religieux, (ou qui ne s'est pas laissé arrêter par "si peu") de jouir de sa vie sexuelle sans abuser ou violenter quiconque, dans un bon esprit curieux, respectueux et ouvert ? Comment lui reprocher d'être à l'écoute de son corps, de son époque carpediemique, de ses désirs, lui qui a appris très tôt à les écouter ? Il me semble qu'il faut être bien enfermé pour juger sans recul de l'enfermement de l'autre, il faut n'avoir pas pris la mesure de son histoire pour fustiger le produit d'histoires ignorées ; c'est rarement le plus honnête qui traite le plus vite son vis-à-vis d'hypocrite...
En ce qui me concerne, la seule règle défendable est le respect de l'autre et de sa liberté de choix, du moment que celui-ci me respecte en retour. Le reste... Les professions de foi, qu'elles tendent à pousser à la consommation ou à l'abstinence ne sont que des professions de foi, certainement pas des règles absolues, encore moins des vérités limpides. Qu'on nous abreuve de sondages, de statistiques, la réalité est et sera toujours plurielle et complexe, les êtres humains plus grands que leurs écoles de pensées et les chansons d'amour auront longtemps de beaux jours devant elles...
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