Broderie sur un w0nd3rbra
Il y a quelques jours, étendant une lessive sur le bel étendoir bleu et blanc et sachant que j'allais le placer devant la fenêtre pour qu'il bénéficie de la chaleur, j'ai soigneusement groupé les
culottes, de telle sorte qu'elles soient hors de vue. Les heures passées, j'ai retiré le sèchoir vers le centre de la pièce et me suis aperçue que mon stratagème avait eu pour conséquence qu'ainsi
disposé, le ligneux objet avait exhibé mes soutien-gorges tout l'après-midi. Le mal, si l'on considère qu'il y a eu mal, était mince, car l'appartement dominant une avenue sans vis-à-vis depuis le
premier étage, il est possible voire probable que personne n'ait rien vu.
J'ai souri, ai palpé mon cerveau en direction d'un acte manqué et ai songé à un vieil incident dont je n'avais pas encore tiré le suc instructif. Il y a eu une période de mon adolescence où rien ne me semblait assez féminin, assez sexy pour avoir l'air d'un semblant de femme ; l'exaltation nocturne d'une féminité brûlante se ratatinait le jour dans la peau d'un vilain petit canard, dont le seul atout admis par tous, était une assez forte poitrine. Je me suis donc affublée d'un soutien-gorge pigeonnant, une brassière pulpante, et d'un body moulant vert bouteille très décolleté. Les deux vêtements portés ensemble avaient pour effet de troubler tous les regards, quel que soit le sens de ce trouble.
Un jour, mes parents recevaient un couple dont la femme avait été mannequin dans sa jeunesse, cette information appuyant sur mon insignifiance, j'avais revêtu mon armure hypersexy (faisant l'impasse sur les auréoles que la transpiration n'allait pas manquer de provoquer, mieux valait une gloire éphèmère que pas de gloire du tout). La réaction ne se fit pas attendre, la dame me dit, le nez quasi plongé dans mon giron que si elle avait "une poitrine comme ça", elle ne la cacherait pas.
Je ne dis rien, je crois, mais me sentit très agressée, blessée par la jalousie ainsi déclarée, on voulait me chiper mon "seul bien" et on ne se contentait pas de sa propre gloire, bien supérieure à la mienne car ayant conquis un très bel homme pour la vie. Aujourd(hui, en repensant à cela, ce qui me frappe, c'est cette position de recul, de victime, cette incompréhension totale de la rivalité. Pourtant, c'est bien en rivale que je me montrais en m'exhibant de la sorte, pourquoi ne pas jouer le jeu et tirer l'orgueil légitime de cette flatteuse reconnaissance ?
C'est ici qu'intervient le conflit œdipien. Le tabou de la rivalité avec ma mère était tel que je l'ai reporté partout, désireuse de séduire, mais incapable de rivaliser, renvoyée, le cas échéant dans un position infantile où l'instinct de lutte était totalement refoulé derrière la culpabilité. Derrière ses mots et ses attitudes, je n'ai pas compris la jalousie de ma mère envers mes atouts, ceux qui m'avaient valu l'attention de mon père quand j'étais gamine (mon adoration pour lui et donc une complaisance indécente, sans doute) mais aussi ceux qui lui avaient manqués personnellement, surtout au physique, par contre, j'ai bien interiorisé l'interdit de m'opposer à elle. En se drapant dans des postures de victime (tu me trahis pour lui !) elle m'a culpabilisée quant à la séduction vis-à-vis des hommes.
Je me suis donc retrouvée enfermée dans une posture de grande fille mal épanouie, interdite d'agir sous peine de trahir et enchainée aux pieds de l'Interdit, sans autre espoir que d'attendre que quelqu'un me tire de là... On comprend la fuite des garçons qui n'avaient pas très envie d'être comparés à un monument et l'incompréhension des filles devant cette rivale qui ne se servait pas de ses armes mais se drapait, à l'occasion dans une candeur sidérante de mauvaise foi.
Et maintenant, me direz-vous, suis-je prête à lutter ? rien n'est moins sûr, faute d'enjeu, mais le fait est que mes ambitions ont repris contact avec la réalité des hommes plus ou moins plaisants, plus ou moins susceptibles de me supporter...
Quant à moi, je me demande s'il aura jamais une fin aux chimères que j'ai fait pousser aux pieds du Père Imaginaire, ce héros d'opérette, ce farfadet impalpable et fuyant. Car, ne vous y trompez pas, ce n'est pas juste ma vie sexuelle qui est bloquée là, c'est toute ma vie... Et voilà comment un soutif place devant l'échec de toute sa vie, une vie vaine, à cultiver le vide, à attendre un miracle, à broder sur les rêves. Finalement, je ne sais faire que cela : broder sur les rêves.
Va bâtir là-dessus, maintenant.
________________________
Là-dessus, je me permets de vous demander la tolérance pour cette copine qui, moins coincée du cul que moi, collectionne les échecs amoureux auprès des hommes mariés. Ce qui se joue plonge ses racines dans une histoire bien douloureuse et bien triste dont elle n'a pas conscience.
J'ai souri, ai palpé mon cerveau en direction d'un acte manqué et ai songé à un vieil incident dont je n'avais pas encore tiré le suc instructif. Il y a eu une période de mon adolescence où rien ne me semblait assez féminin, assez sexy pour avoir l'air d'un semblant de femme ; l'exaltation nocturne d'une féminité brûlante se ratatinait le jour dans la peau d'un vilain petit canard, dont le seul atout admis par tous, était une assez forte poitrine. Je me suis donc affublée d'un soutien-gorge pigeonnant, une brassière pulpante, et d'un body moulant vert bouteille très décolleté. Les deux vêtements portés ensemble avaient pour effet de troubler tous les regards, quel que soit le sens de ce trouble.
Un jour, mes parents recevaient un couple dont la femme avait été mannequin dans sa jeunesse, cette information appuyant sur mon insignifiance, j'avais revêtu mon armure hypersexy (faisant l'impasse sur les auréoles que la transpiration n'allait pas manquer de provoquer, mieux valait une gloire éphèmère que pas de gloire du tout). La réaction ne se fit pas attendre, la dame me dit, le nez quasi plongé dans mon giron que si elle avait "une poitrine comme ça", elle ne la cacherait pas.
Je ne dis rien, je crois, mais me sentit très agressée, blessée par la jalousie ainsi déclarée, on voulait me chiper mon "seul bien" et on ne se contentait pas de sa propre gloire, bien supérieure à la mienne car ayant conquis un très bel homme pour la vie. Aujourd(hui, en repensant à cela, ce qui me frappe, c'est cette position de recul, de victime, cette incompréhension totale de la rivalité. Pourtant, c'est bien en rivale que je me montrais en m'exhibant de la sorte, pourquoi ne pas jouer le jeu et tirer l'orgueil légitime de cette flatteuse reconnaissance ?
C'est ici qu'intervient le conflit œdipien. Le tabou de la rivalité avec ma mère était tel que je l'ai reporté partout, désireuse de séduire, mais incapable de rivaliser, renvoyée, le cas échéant dans un position infantile où l'instinct de lutte était totalement refoulé derrière la culpabilité. Derrière ses mots et ses attitudes, je n'ai pas compris la jalousie de ma mère envers mes atouts, ceux qui m'avaient valu l'attention de mon père quand j'étais gamine (mon adoration pour lui et donc une complaisance indécente, sans doute) mais aussi ceux qui lui avaient manqués personnellement, surtout au physique, par contre, j'ai bien interiorisé l'interdit de m'opposer à elle. En se drapant dans des postures de victime (tu me trahis pour lui !) elle m'a culpabilisée quant à la séduction vis-à-vis des hommes.
Je me suis donc retrouvée enfermée dans une posture de grande fille mal épanouie, interdite d'agir sous peine de trahir et enchainée aux pieds de l'Interdit, sans autre espoir que d'attendre que quelqu'un me tire de là... On comprend la fuite des garçons qui n'avaient pas très envie d'être comparés à un monument et l'incompréhension des filles devant cette rivale qui ne se servait pas de ses armes mais se drapait, à l'occasion dans une candeur sidérante de mauvaise foi.
Et maintenant, me direz-vous, suis-je prête à lutter ? rien n'est moins sûr, faute d'enjeu, mais le fait est que mes ambitions ont repris contact avec la réalité des hommes plus ou moins plaisants, plus ou moins susceptibles de me supporter...
Quant à moi, je me demande s'il aura jamais une fin aux chimères que j'ai fait pousser aux pieds du Père Imaginaire, ce héros d'opérette, ce farfadet impalpable et fuyant. Car, ne vous y trompez pas, ce n'est pas juste ma vie sexuelle qui est bloquée là, c'est toute ma vie... Et voilà comment un soutif place devant l'échec de toute sa vie, une vie vaine, à cultiver le vide, à attendre un miracle, à broder sur les rêves. Finalement, je ne sais faire que cela : broder sur les rêves.
Va bâtir là-dessus, maintenant.
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Là-dessus, je me permets de vous demander la tolérance pour cette copine qui, moins coincée du cul que moi, collectionne les échecs amoureux auprès des hommes mariés. Ce qui se joue plonge ses racines dans une histoire bien douloureuse et bien triste dont elle n'a pas conscience.
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