De l'exaspération asociale
Je me suis souvent interrogée à propos des ruptures brutales avec mes amis, ces gens qui décidèrent brusquement, un jour, de ne plus rien avoir à faire avec moi.
J'ai compris il y a peu pourquoi ils prenaient si mal mes remarques brutales. Je me suis rendue compte que la solitude exaspère mes émotions. Il y a un pouvoir stabilisateur à la présence des autres et je ne le voyais pas car jusqu'ici, je ressentais surtout le pouvoir déstabilisateur de l'autre... C'est une vraie découverte et pourtant, maintenant qu'elle est faite, il me semble que c'est une évidence.
Beaucoup de choses s'éclairent à propos de mes réactions et de celles de mes amis meurtris. Dans la vraie vie, je suis quelqu'un de calme, qui mesure relativement ses propos, qui essaie toujours de comprendre les gens, d'entendre ce qu'ils disent plus ou moins consciemment. d'être entière, responsable et raisonnable. Mes émotions sont bridées, je suis lente à la colère, lente à l'enthousiasme et je m'efforce d'être positive.
Mais une fois seule, les angoisses et la paranoïa qui sont dominées en société peuvent occuper toute la place et les ambiguïtés prennent des dimensions quasi fantasmagoriques. Ainsi, lorsque je suis seule, un message maladroit - ou pire, un silence obstiné - peut me transpercer, me dévaster et réveiller ainsi le dragon en moi, qui va mobiliser toute mon intelligence, tout mon instinct, toute ma colère pour me défendre contre cette attaque "injuste".
Et des gens juste un peu maladroits, un peu gauches, un peu lâches derrière leurs écran d'ordinateur, habitués à voir en moi un caractère fort et sensible mais maitrisé, dominé, se trouvent brusquement face à ce dragon ou cette hystérique, selon le vocabulaire machiste et placés devant un mail plein de "bonnes vérités" qu'ils ne cherchaient pas et ne méritaient certainement pas sous cette forme... Je cherche toujours à les comprendre, mais sans plus de compassion, sans bienveillance, avec une brusquerie et une crudité nouvelles, une intention défensive et donc violente.
Je me disais que leur surprise venait de ce qu'ils ne me connaissaient pas vraiment, que l'on n'avait pas fait assez de choses ensemble et c'était peut-être vrai, en partie. Mais la vérité, c'est que personne ne pouvait connaître vraiment ce visage qui n'apparaît que lorsque je suis seule, si seule, et depuis si longtemps qu'il m'arrive de lire à haute voix pour ne pas oublier comment parler. Personne (dans mon entourage amical) ne connaît cette violence de la solitude et personne, de ce fait, ne pouvait soupçonner l'exaspération douloureuse qu'elle provoque et les excès qu'elle génère...
C'est surement aussi à cause de cela que je ne comprends pas ces ruptures, comment on peut, du jour au lendemain, se passer d'une amie à qui l'on a tellement parlé, à qui l'on a fait confiance, sur laquelle on s'est reposé occasionnellement. Par la grâce de FB, leurs noms me sont proposés "Ajouter Machin comme ami". Mais Machin n'est plus mon ami, Machin n'a jamais répondu à mes mails de pacification, mes messages téléphoniques de réconciliation ; Machin vit sa vie, change de coiffure, a des projets, avance et vit très bien sans moi. Mais moi j'ai tout le temps de me souvenir, de regretter, de m'interroger à l'infini.
Pourquoi suis-je impardonnable ? Cruelle question à laquelle personne ne donnera de réponse, puisque celui qui viendrait m'en donner une aurait déjà commencé à pardonner.
Il n'y a qu'un anachorète pour en comprendre un autre, là est ma leçon.
J'ai compris il y a peu pourquoi ils prenaient si mal mes remarques brutales. Je me suis rendue compte que la solitude exaspère mes émotions. Il y a un pouvoir stabilisateur à la présence des autres et je ne le voyais pas car jusqu'ici, je ressentais surtout le pouvoir déstabilisateur de l'autre... C'est une vraie découverte et pourtant, maintenant qu'elle est faite, il me semble que c'est une évidence.
Beaucoup de choses s'éclairent à propos de mes réactions et de celles de mes amis meurtris. Dans la vraie vie, je suis quelqu'un de calme, qui mesure relativement ses propos, qui essaie toujours de comprendre les gens, d'entendre ce qu'ils disent plus ou moins consciemment. d'être entière, responsable et raisonnable. Mes émotions sont bridées, je suis lente à la colère, lente à l'enthousiasme et je m'efforce d'être positive.
Mais une fois seule, les angoisses et la paranoïa qui sont dominées en société peuvent occuper toute la place et les ambiguïtés prennent des dimensions quasi fantasmagoriques. Ainsi, lorsque je suis seule, un message maladroit - ou pire, un silence obstiné - peut me transpercer, me dévaster et réveiller ainsi le dragon en moi, qui va mobiliser toute mon intelligence, tout mon instinct, toute ma colère pour me défendre contre cette attaque "injuste".
Et des gens juste un peu maladroits, un peu gauches, un peu lâches derrière leurs écran d'ordinateur, habitués à voir en moi un caractère fort et sensible mais maitrisé, dominé, se trouvent brusquement face à ce dragon ou cette hystérique, selon le vocabulaire machiste et placés devant un mail plein de "bonnes vérités" qu'ils ne cherchaient pas et ne méritaient certainement pas sous cette forme... Je cherche toujours à les comprendre, mais sans plus de compassion, sans bienveillance, avec une brusquerie et une crudité nouvelles, une intention défensive et donc violente.
Je me disais que leur surprise venait de ce qu'ils ne me connaissaient pas vraiment, que l'on n'avait pas fait assez de choses ensemble et c'était peut-être vrai, en partie. Mais la vérité, c'est que personne ne pouvait connaître vraiment ce visage qui n'apparaît que lorsque je suis seule, si seule, et depuis si longtemps qu'il m'arrive de lire à haute voix pour ne pas oublier comment parler. Personne (dans mon entourage amical) ne connaît cette violence de la solitude et personne, de ce fait, ne pouvait soupçonner l'exaspération douloureuse qu'elle provoque et les excès qu'elle génère...
C'est surement aussi à cause de cela que je ne comprends pas ces ruptures, comment on peut, du jour au lendemain, se passer d'une amie à qui l'on a tellement parlé, à qui l'on a fait confiance, sur laquelle on s'est reposé occasionnellement. Par la grâce de FB, leurs noms me sont proposés "Ajouter Machin comme ami". Mais Machin n'est plus mon ami, Machin n'a jamais répondu à mes mails de pacification, mes messages téléphoniques de réconciliation ; Machin vit sa vie, change de coiffure, a des projets, avance et vit très bien sans moi. Mais moi j'ai tout le temps de me souvenir, de regretter, de m'interroger à l'infini.
Pourquoi suis-je impardonnable ? Cruelle question à laquelle personne ne donnera de réponse, puisque celui qui viendrait m'en donner une aurait déjà commencé à pardonner.
Il n'y a qu'un anachorète pour en comprendre un autre, là est ma leçon.
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