Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Comment A.J. Jacobs a vécu selon la Bible

29 Avril 2009, 09:39am

Publié par Ardalia

C'est avec un certain plaisir que j'ai lu "L'année où j'ai vécu selon la Bible" de A.J. Jacobs. L'homme est journaliste à Esquire (sorte de Playboy étasunien) et s'était déjà fait remarquer en lisant intégralement l' Encyclopédie Universalis ; malheureusement, le livre rendant compte de cette lecture n'a pas été traduit en français.
Pour cette oeuvre-ci, il s'est astreint à une lecture littérale de la Bible, 8 mois consacrés à l'Ancien Testament (Première Alliance) et 4 mois au Nouveau (Nouvelle Alliance). Rapidement, il s'est aperçu que suivre tous les préceptes était impossible, pour l'excellente raison que certains se contredisent entre, par exmple, les Nombres et les Prophètes ou le Derutéronome et l'Ecclesiaste (Qohélet). Une lecture littérale exige donc de faire des choix et ses recherches lui montrent très vite que c'est ce que font tous les divers courants religieux issus de la Bible : un tri de ce qui est important, puis une adaptation à l'époque ou à une époque précise, comme les Amishs. Il en tire une belle leçon de tolérance...
Le gros de l'ouvrage, est tout de même une approche assez anecdotique, il se laisse pousser la barbe et les cheveux des tempes, il sonne du cor au commencement de chaque mois, cesse de toucher sa femme dès qu'elle est en période de menstruation ; il se livre à des rites inédits pour un chrétien, comme faire un sacrifice animal (ou presque), prendre l'oeuf d'un volatile ou écrire les dix commandements autour de sa porte d'entrée. Très vite, ce juif new yorkais agnostique et inculte en matière religieuse est frappé par la force des symboles, de la prière, de la discipline morale et il se découvre plus juif qu'il ne croyait (la culpabilité, vous croyez ?).
Toute son année est parsemée de rencontres avec différents membres des multiples églises de la Bible, étonnantes, enrichissantes, qui l'obligent à réflechir à ses choix d'homme, à s'interroger sur le phénomène de la foi, sans ironie mais sans naïveté.
C'est l'occasion, ce livre, de s'amuser mais aussi de mieux découvrir la tradition juive et ses raisons, plus ou moins connues. Par exemple, j'ai appris que les traditions du genre ne pas raser la barbe ou ne pas manger de porc relevaient plus probablement d'un désir de se distinguer (des égyptiens, par exemple) et non d'une hygiène de vie particulière, comme on le croit souvent.
On peut, bien sûr, être rebuté par cette approche excessive, jusqu'auboutiste et à la mode (songez à Super Size me), mais je ne crois pas que les défauts inhérents à cette forme de journalisme doivent dégoûter de leurs qualités. D'abord une ferme volonté journalistique précise, circonstaciée, une volonté honnête de comprendre de l'intérieur. Ensuite de multiples questions soulevées, pas forcément agréables et donnent vraiment à réfléchir. Enfin -mais est-ce un bon argument ?- on entre dans l'intimité d'un homme sympathique, étonnant, fragile et fort, en véritable recherche spirituelle et pas seulement un touriste du Texte.
En ce qui me concerne, j'ai été très surprise de redécouvrir ainsi la Bible, la prière, à travers les yeux d'un profane ; je me suis rendue un peu plus compte de mon imprégnation, de ma familiarité avec le texte (que je n'ai pourtant pas lu in extenso, sauf en B.D., si l'on veut bien considérer cela comme une lecture!), à tel point qu'une erreur manifeste sur la parabole des talents m'a beaucoup perturbée (preuve qu'il n'a pas tout bien lu ou que les privations alimentaires et sexuelles pèsent trop lourd sur un esprit profane ?). Il y a bien trois serviteurs (Matthieu XXV, 14-30) et non deux confusion avec Luc XII, 42-46 ?), ils reçoivent bien, respectivement cinq, Deux et un talent d'or et non cinq et cinq "sacs d'argent". Il fallait que cela soit dit.
Voilà, je vous recommande cette lecture pour l'introduction douce aux religions du Livre, pour les éclairages inattendus et la profondeur qui affleure souvent sous l'apparence légère. Tous les versets cités sont référencés, on peut lelire avec sa petite Bible (de Jérusalem, de préférence) sous le coude et s'interroger sur les convictions, ce sur quoi elles reposent et ce que l'on se permet envers ses frères humains en leur nom...
Commenter cet article
S
Merci pour AdBlock... c'est fantastique! Grace a vous j'ai retrouve le silence... et en plus ca m'a permis de tomber sur votre blog, vers lequel je vais de ce pas mettre un lien sur mien !
Répondre
A
<br /> Stroobia, je vous en prie. A bientôt.<br /> <br /> <br />
C
Ce livre éveille ma curiosité ! Ce sera ma prochaine lecture. Je suis particulièrement intéressée par la façon dont l'auteur, en tant que juif, parle du Nouveau Testament !
Répondre
A
<br /> Carili, à cet égard, tu risques d'être un peu déçue, ce n'est pas sans intérêt, mais comme je le dis, un peu léger. En tout cas, c'est intéressant de voir l'auteur conquis par les préceptes et<br /> appliqué à se montrer bon littéraliste, plus que juif ou chrétien.<br /> Si tu le peux, achète-le sur le net, le prix du livre dans le commerce est proprement prohibitif.<br /> <br /> <br />
S
Il m'a aussi bien intéressée puis je m'en suis lassée et n'ai pu le terminer. Il me semble quand même qu'il a un peu délayé, non ?
Répondre
A
<br /> Délayé ? Je crois plutôt qu'il s'est un peu enfermé dans sa position légère, les questions à creuser affleurent de partout mais restent ainsi, sans la recherche qu'on aurait pu en attendre. Ceci<br /> dit, un an, c'est très long!<br /> En ce qui me concerne, j'ai eu regret à le finir, et il me manque encore un peu... Peut-être parce que je suis aussi agnostique, seule parmis des questions sans réponses.<br /> <br /> <br />