je suis sourde
c'est le titre d'une chanson de Paris Combo que j'aimais bien avant. Maintenant, je suis sourde dans mes rêves aussi. Il y a quelques mois encore, je faisais comme dans la vie, je fais semblant de
comprendre et je culpabilise. L'autre jour, je regardais la télé dans un rêve et un type que j'ai connu y parle de ses prothèses, on sent bien que c'est dur de communiquer et il finit par dire :
"Même en faisant l'effort, on a quand même honte!" De saisissement, je touchais la jambe de ma sœur mais elle faisait semblant de rien et je me retrouvais seule avec ma honte, redoublée par le fait
que l'alexandrin est raté ("quand mêmE honte", c'est balourd). Même en rêve je suis sourde et mes vers sont balourds.
Ce matin je ne lâchais pas le morceau, je la fais répéter trois fois, la mère de mon ancienne meilleure amie, elle marmonne et je finis par comprendre "On va retourner vivre à Belle-Isle" et je m'exclame : " Ah bon, mais vous y avez déjà vécu ?" tout en pensant : "Je devrais m'enthousiasmer mais quelle drôle d'idée de vivre à Belle-Isle, mais les iliens, ce sont des gens spéciaux" en m'éloignant...
Je ne crois pas pouvoir jamais "soigner" ma vulnérabilité, qu'il est plus sensé de vivre avec, car c'est moi, en définitive. J'ai envie, et vous aussi, que je sois finalement bien droite dans mes bottes, face à la tourmente, à river des clous bien roides. Mais cela ne va pas très bien avec le fait de compter sur la bonne volonté des répétiteurs ou de ne pas toujours oser sortir une loupe en public pour lire la composition d'un produit parce que c'est écrit en tout petit ou en blanc sur fond rose... Si personne ne m'avais équipée de prothèses à 4 ans, je serais juste sourde, je signerais, j'aurais des copains sourds comme moi, peut-être. Mais voilà, on a mis un tuteur à la nature et j'ai poussé sur lui, je suis tordue sur lui, animak monstrueux non pas de cette torsion en soi, mais d'en ressortir violon, harpe, girouette, instrument à sentir obscurément les failles, cet énorme tonneau des danaîdes qu'est le manque d'amour chez tout ceux qui passent
Tu vois, finalement l'analyse c'est ça, apprendre à vivre sans culpabiliser, sans forcément révolutionner ses modes de vie. Il n'est pas raisonnable de penser que quelqu'un va vouloir vivre en écoutant la musique de ses failles, en tout cas, qu'il le supportera longremps. Personne n'est à blâmer, mais pourtant j'ai honte...
Voilà, je me demande dans quelle mesure le moindre soulagement n'est pas dans le fait d'assumer, de vivre pleinement le double refus qu'est ce double handicap ? Enfin, ce n'est paut-être pas si simple, je continue de chercher.
Ce matin je ne lâchais pas le morceau, je la fais répéter trois fois, la mère de mon ancienne meilleure amie, elle marmonne et je finis par comprendre "On va retourner vivre à Belle-Isle" et je m'exclame : " Ah bon, mais vous y avez déjà vécu ?" tout en pensant : "Je devrais m'enthousiasmer mais quelle drôle d'idée de vivre à Belle-Isle, mais les iliens, ce sont des gens spéciaux" en m'éloignant...
Je ne crois pas pouvoir jamais "soigner" ma vulnérabilité, qu'il est plus sensé de vivre avec, car c'est moi, en définitive. J'ai envie, et vous aussi, que je sois finalement bien droite dans mes bottes, face à la tourmente, à river des clous bien roides. Mais cela ne va pas très bien avec le fait de compter sur la bonne volonté des répétiteurs ou de ne pas toujours oser sortir une loupe en public pour lire la composition d'un produit parce que c'est écrit en tout petit ou en blanc sur fond rose... Si personne ne m'avais équipée de prothèses à 4 ans, je serais juste sourde, je signerais, j'aurais des copains sourds comme moi, peut-être. Mais voilà, on a mis un tuteur à la nature et j'ai poussé sur lui, je suis tordue sur lui, animak monstrueux non pas de cette torsion en soi, mais d'en ressortir violon, harpe, girouette, instrument à sentir obscurément les failles, cet énorme tonneau des danaîdes qu'est le manque d'amour chez tout ceux qui passent
Tu vois, finalement l'analyse c'est ça, apprendre à vivre sans culpabiliser, sans forcément révolutionner ses modes de vie. Il n'est pas raisonnable de penser que quelqu'un va vouloir vivre en écoutant la musique de ses failles, en tout cas, qu'il le supportera longremps. Personne n'est à blâmer, mais pourtant j'ai honte...
Voilà, je me demande dans quelle mesure le moindre soulagement n'est pas dans le fait d'assumer, de vivre pleinement le double refus qu'est ce double handicap ? Enfin, ce n'est paut-être pas si simple, je continue de chercher.
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A