Eclaircissements
Chers lecteurs, en publiant l'article précédent, je réalise que certaines choses peuvent ne pas vous être évidentes.
La puissance de la prothèse auditive permet, à l'occasion, de monter le son. Par exemple, ça peut servir avec quelqu'un qui parle très bas, comme il n'est pas toujours possible de violenter tranquillement les gens, pas toujours possible de se rapprocher sans monter sur les genoux, il peut être bon de pouvoir monter le son. Pratique en amphi, par exemple, au théätre, au concert classique, etc. Pratique aussi, quand on vit seule comme moi, de pouvoir monter le son pour savoir si le hurlement vaguement perçu vient d'une femme agressée ou d'une pochetronne avinée (fait fréquent ici), etc.
Au lieu de quoi, je dois me contenter de faire répéter (de faire semblant d'avoir compris), de renoncer, de regarder le type au fond de la scène qui agite son piccolo et qui doit faire du bruit puisque tout le monde l'écoute, de scruter les angoissants silences de la nuit ou de relever un volet roulant pour jeter un oeil circonspect dans la rue...
Pratique aussi (ce que n'offre pas une prothèse numérique, quoique j'ai pu faire progresser les miennes sur ce point) de pouvoir baisser le son jusqu'à zéro. Quand le son n'est réglable que de 12 à 16dbs, on ne peut pas baisser à moins que 12 et, dans un restau bondé ou au cinéma où le son est parfois à la limite du supportable, c'est peanuts.
Alors, certes, le son d'une prothèse numérique est meilleur, plus doux, plus ouaté, mais plus coloré. C'est un peu comme la différence entre une bête ampoule blanche et une lumière halogène : à puissance égale, les couleurs sont réhaussées et non plus écrasées. Egalement, le son est directionnel, ce qui permet, grâce à un programme, de n'entendre que les gens devant soi, c'est très pratique en milieu bruyant (surtout si on peut baisser le son...).
Mais je trouve franchement dégueulasse de me brider de la puissance, franchement écoeurant. Ces gens ont beau passer leur vie devant des sourds, ils ne le sont pas, il n'ont pas la moindre idée de la souffrance que l'on peut se prendre en pleine gueule pour des motifs parfois ridicules. Les contresens, les malentendus, les erreurs de jugements, c'est tout les jours, pas seulement face aux idiots, mais avec tout le monde, ses proches aussi.
De quel droit nous retirer de la performance ?
Non, je ne comprends pas, c'est trop stupide.