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Face à face

8 Mars 2018, 14:41pm

Publié par Ardalia

Ce matin, j’ai compris autre chose sur moi. C’est la fin de quinze jours d’interrogations et je devrais être soulagée, mais ça tarde un peu à venir, vous allez comprendre pourquoi.

Il y a donc une vingtaine de jours, mon ex m’a fait savoir qu’il avait une femme dans sa vie, et j’en ai été pas mal attristée. La tristesse de la page qui se tourne définitivement, la tristesse aussi de l’avoir vue venir, cette femme, sur Facebook, d’avoir eu l’instinct de cette approche, mais pas l’instinct de la fin d’une relation pour moi. J’ai compris, j’ai souffert, j’ai accepté.

Pourtant, il restait une chose sérieuse, une chose que je ne comprenais pas. Le lendemain de cette annonce, j’étais encore sous le coup de la colère, et pourtant, malgré l’ambiance orageuse et l’attachement de mes croyances concernant mon ex-compagnon, mon corps, tapageur et impératif, m’a fait savoir qu’il était en rut. Pourtant, il n’y avait plus personne devant moi… d’où cela pouvait-il venir ?

Durant cette période écoulée, pas mal de révélations se sont faites, précisées dans le temps, qui m’ont sensiblement apaisée. J’ai reçu de l’écoute empathique et j’ai beaucoup réfléchi à ce schéma d’abandon et ses répercussions. Je me suis fait peur : il est dit dans le livre qu’il ne faut pas aller vers des hommes qui suscitent un fort désir, car le schéma nous trompe et nous entraîne, malgré notre désir de relation durable, vers des gens susceptibles de provoquer l’enchaînement douloureux du schéma, et donc l’abandon. Je me sentais perdue avec ce désir tapageur : comment savoir, comment avoir du discernement face aux hommes ? Comment ne pas me jeter dans la gueule du loup ?

Ce qui m’est apparu, ce matin, c’est la tristesse de ce désir. Ce n’était pas gourmand, ce n’était pas chaleureux, pas gai, pas agréable. Et pour cause, il n’y a personne en face qui soit d’accord pour jouer ce jeu. J’ai pensé aussi à ce type, dans la série Orange is The New Black qui bande quand il a peur, j’ai lu cela par ailleurs, dans des articles sur le viol. Je crois que c’est un peu ce qui se passe pour moi. C’est un appel désespéré du corps pour ma tête qui a si peur de la solitude. Mon corps veut me sauver de l’angoisse délétère et me cherche un partenaire sexuel tout seul — ou, plus vraisemblablement, avec le cerveau inconscient— , pour me faire « du bien ».

Ce n’est pas clair, mais je pense qu’il y a ici un mélange qui se fait entre l’histoire ancienne qui m’a fait croire que j’étais une affamée du sexe et que toute occasion était bonne ou simplement l’histoire récente qui m’a éclairée sur certaines qualités du sexe, puissant anxiolytique et façon toute plaisante et sécurisante pour moi d’avoir l’attention d’un homme. Je crois in fine que c’est la peur de la solitude qui se manifeste ainsi. J’en veux pour preuve cette nausée légère et permanente que j’ai depuis des jours, ce vide lourd et sourd dans le ventre.

Je crois sombrement qu’il y a une part qui tient à la surdité et à la cécité, l’une qui est là et l’autre qui plane comme une menace sur moi, mais aussi, et surtout, une autre part qui tient à la violence familiale. Cette peur rance et sombre, désespérée, celle qui m’a rendue si fielleuse, acrimonieuse et méchante, mentalement et verbalement, vis-à-vis de mon ex. Celle à cause de laquelle j’ai demandé une pause avec lui, pour retrouver un peu d’équilibre. Je suis face à elle, maintenant. J’ai le sentiment d’observer le noyau de toutes les peurs. Et je ne peux pas savoir, car qui sait de quoi mon univers mental fera son jouet, demain ? mais la peur est là, physique, pesante, que mon mental soit gai ou non ne la change pas. Elle gêne ma respiration, elle me comprime le ventre et je ne sais pas encore bien comment l’accueillir.

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